Après un début de saison difficile, le cycliste Antoine Duchesne se prépare à s'aligner au Tour des Flandres (dimanche) et à Paris-Roubaix (8 avril), prêt à se mettre au service de son leader Arnaud Démare, qui a des ambitions de victoire.

Plutôt que de se trouver en course en Belgique, vendredi, Antoine Duchesne broyait du noir chez lui dans le sud de la France.

Devant l'écran, il suivait le Grand Prix E3, une classique importante du World Tour qu'il avait encerclée dans son calendrier en se joignant à une nouvelle équipe l'automne dernier. Un ennui physique bénin à la sortie de Tirreno-Adriatico, deux semaines plus tôt, en avait cependant fait le coureur retranché chez Groupama-FDJ pour la campagne flandrienne.

Puis... « chute au peloton ». Au milieu du GP E3, plusieurs coureurs ont visité le bitume ou le fossé, dont deux membres de Groupama-FDJ transportés à l'hôpital. Le temps d'un appel de son directeur sportif, Duchesne a sauté dans le train à Avignon pour rejoindre son équipe à Lille.

Le soir même, il déposait ses bagages dans la chambre de son coéquipier Arnaud Démare, discutant stratégie en vue de Gand-Wevelgem, autre épreuve du World Tour disputée dimanche. En grande forme, le champion de France est passé proche de la victoire, battu seulement par le champion du monde slovaque Peter Sagan, désormais triple vainqueur à Wevelgem, et l'Italien de la Quick Step Elia Viviana, en pleurs après sa deuxième place.

Duchesne, 108e, est rentré près de 12 minutes plus tard. Mais ça n'avait aucune importance. Le cycliste originaire de Saguenay avait accompli son travail plusieurs heures plus tôt, menant le peloton avec Démare et le reste de ses équipiers dans sa roue. Effectuées conjointement avec son coéquipier lituanien Ignatas Konovalovas, les manoeuvres se sont étendues sur une bonne cinquantaine de kilomètres, à travers monts pavés et routes de terre étroites.

« J'avais déjà fait Gand-Wevelgem [en 2014], mais quand c'est toi qui mets [les autres] en ligne, ce n'est pas la même affaire qu'être en serre-file en arrière », a fait remarquer Duchesne, de retour chez lui hier.

« Dans les montées, quand tu arrives dans le virage en haut et qu'il y a un vent de côté, tu écrases ça à fond et ça étire derrière, la motivation que ça te donne... »

Les 250 kilomètres et six heures de course ont bien vite passé. Le travail du Québécois et de ses coéquipiers a permis à Démare, troisième une semaine plus tôt à Milan-San Remo, de s'économiser, de ne pas frotter et de prévenir les chutes, inévitables sur les routes belges.

« De plus, Arnaud était l'un des favoris et nous avons assumé ce statut en espérant qu'une autre équipe vienne collaborer avec nous », a expliqué le directeur sportif Frédéric Guesdon dans le rapport de course de Groupama-FDJ. « Personne n'est venu, mais on ne s'est pas relevé. De toute façon, nous évoluions sur des routes où il était préférable d'être à l'avant du peloton. Antoine Duchesne a fait du bon boulot dans cette première partie de course. »

« LÂCHER LES CHEVAUX »

Après un début de saison « décevant » selon ses propres dires, Duchesne ne demandait pas mieux que de « lâcher les chevaux et pouvoir montrer ce [qu'il est] capable de faire ». « Tout ce que je voulais, c'est d'avoir ma chance d'aller au bâton », a-t-il résumé.

Après quatre premières années en Europe sous les couleurs de Direct Energie (anciennement Europcar), une formation française de deuxième division, Duchesne a dû s'adapter à un nouvel environnement chez Groupama-FDJ, l'une des deux grandes équipes françaises du World Tour avec AG2R La Mondiale.

En début d'année, le cycliste de 26 ans pensait bien faire en se rendant tôt en Australie avant d'y disputer le Tour Down Under et d'y rester deux semaines par la suite. Des températures dépassant régulièrement les 40 degrés Celsius ont passablement compliqué son mois aux antipodes.

En février, à sa première affectation avec Démare, il a été ralenti par des problèmes gastriques lors des courses de rentrée belges. Sa déveine s'est poursuivie sur les Strade Bianche, en Italie, où il a chuté.

Après un ajustement de diète, le vent a enfin tourné à Tirreno-Adriatico, où il s'est fait plaisir en prenant part à une échappée de près de 200 km durant la quatrième étape.

Cette belle opération lui a valu les bons mots du directeur sportif Franck Pineau : « Compte tenu de la difficulté de cette étape, des trois cols précédant la longue ascension finale, Antoine a été magnifique. Il est tout sauf un grimpeur, mais a entendu la consigne du matin quand nous préconisions de prendre l'échappée. Ils se sont retrouvés à six devant et ont été repris à huit kilomètres de l'arrivée. Antoine a tenté un très joli coup et peut être satisfait de sa journée. »

Malheureusement, un autre écueil - un inconfort de selle - l'attendait au tournant, et il n'a pu prendre part au Grand Prix de Denain. Dans un contexte d'effectif réduit de huit à sept coureurs cette saison pour les épreuves d'un jour du World Tour, il est vite devenu l'homme de trop pour les classiques flandriennes, jusqu'à cette blessure à Mickaël Delage au GP E3.

Ainsi, Duchesne a obtenu la confirmation qu'il participerait pour la cinquième fois de suite au Tour des Flandres (dimanche) et à Paris-Roubaix (8 avril), deux monuments dans le viseur de Démare.

Hugo Houle à la semi-classique À travers la Flandre

Antoine Duchesne est rentré dans une maison vide à Saint-Restitut, le village de la grande région d'Avignon qu'il a adopté depuis son arrivée en Europe. Son colocataire Hugo Houle est en effet resté en Belgique pour prendre part mercredi à À travers la Flandre, semi-classique comptant désormais au classement World Tour. Le rouleur de Sainte-Perpétue, qui découvre lui aussi une nouvelle équipe avec Astana, attend la confirmation de sa participation au Tour des Flandres et à Paris-Roubaix.