La disette des coureurs français au Tour de France tire peut-être à sa fin.

Cela fait 32 ans que le Tour n'a pas couronné un champion national. En 1985, Bernard Hinault a effectivement remporté le dernier de ses cinq titres.

Il l'ignorait alors, mais sa cinquième couronne a mis fin à une époque glorieuse du cyclisme français, séquence où la nation hôte de l'épreuve a remporté neuf des 11 titres.

Une longue et pénible interruption a suivi, mais un duo de coureurs se pointe et ravive les espoirs français.

Romain Bardet, le favori des amateurs, incarne le renouveau du cyclisme français et il a mérité un deuxième podium consécutif au Tour, dimanche, confirmant sa troisième place, à 2:20 minutes du quadruple champion Chris Froome.

Un an après avoir terminé deuxième derrière Froome, Bardet a de nouveau été salué pour ses attaques audacieuses lors de l'épreuve de 2017. Formidable grimpeur avec un instinct naturel pour la course, Bardet s'est montré plus constant, mais il a craqué lors du dernier contre-la-montre à Marseille.

Il a néanmoins sauvé son podium par une seconde, résistant à Mikel Landa, le coéquipier de Froome.

Ce n'était rien de moins qu'un prix de consolation pour Bardet, âgé de 26 ans, mais il a démontré qu'il était maintenant l'égal de Froome en hautes montagnes et a affiché sa combativité dans les dernières centaines de mètres du contre-la-montre au Stade Velodrome.

«Je suis très enthousiaste quant à l'avenir», a déclaré Bardet.

Froome, qui est de six ans l'aîné de Bardet, a encore le dessus dans les contre-la-montre, mais il a perdu sa capacité à larguer ses rivaux en haute altitude, comme il l'avait fait en 2013 et 2015.

Bardet a été supérieur à Froome dans les étapes de montagne cette année et il l'a d'ailleurs semé dans la montée abrupte vers Peyragudes dans les Pyrénées. Il a toutefois besoin d'améliorer ses qualités dans les épreuves contre la montre, un aspect qu'il a négligé, s'il veut être un sérieux aspirant au titre.

«Je peux m'améliorer quelque peu, surtout dans le contre-la-montre, a reconnu Bardet. J'ai fait le choix de ne pas me concentrer là-dessus parce que ce n'est pas la façon dont j'aime rouler. Je trouve ça quelque peu ennuyant de sortir pour m'entraîner avec mon vélo de contre-la-montre. J'en ai payé un prix élevé... mais je n'ai que 26 ans. Je veux me battre dans les prochaines années pour la victoire.»

Bardet aura également besoin d'aide dans sa tentative de détrôner Froome, son équipe AG2R La Mondiale émergeant comme la deuxième plus forte du peloton derrière la Sky de Froome.

Dans le Massif central et les Alpes, les coéquipiers de Bardet ont pris leurs responsabilités au sérieux lorsqu'ils ont tenté de déstabiliser Froome. Ils ont presque réussi sur la route du Puy-en-Velay quand ils ont adopté un tempo élevé qui a divisé le peloton. Froome, qui a également eu un problème mécanique avec son vélo ce jour-là, a bataillé pour combler l'écart.

Dans l'étape alpine menant au sommet du col d'Izoard, les coureurs de l'AG2R ont de nouveau roulé à l'avant, mettant la table pour que Bardet attaque Froome lors de la dernière grande ascension de ce Tour.

Un autre Français à surveiller est Warren Barguil, âgé de 25 ans, un coureur au caractère ardent et avec beaucoup de potentiel.

Barguil, qui a remporté le maillot à pois du meilleur grimpeur, a envoyé un message fort avec sa victoire éclatante au sommet de l'Izoard. Lors d'une rude journée de course à une altitude de 2360 mètres, Barguil a remporté sa deuxième étape du Tour après avoir attaqué avec six kilomètres à franchir.

L'exploit est encore plus impressionnant étant donné qu'il s'est fracturé le bassin lors d'un accident en avril, et s'est cassé son poignet l'année dernière quand il a été heurté par une voiture lors d'un entraînement.

Barguil, qui s'aligne pour l'équipe Sunweb, mais qui aurait été approché par Sky et Astana, a également remporté la 13e étape, le jour de la Fête nationale française.

«Il est très fort, et encore jeune, a déclaré Froome. Nous le verrons plus souvent dans le futur.»

Photo Christian Hartmann, REUTERS

Warren Barguil