Peter Sagan (Tinkoff) a raté de peu dimanche l'occasion de répéter l'exploit de l'Australien Simon Gerrans, le seul cycliste à avoir balayé les honneurs des Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal au cours d'un même week-end, en 2014.

À bout de souffle, le Slovaque s'est fait dépasser par Greg Van Avermaet (BMC Racing) dans les derniers mètres d'un sprint de masse endiablé au Grand Prix cycliste de Montréal (GPCM), dimanche.

Van Avermaet, le médaillé d'or en cyclisme sur route aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro, a devancé dans l'ordre au fil d'arrivée Sagan et l'Italien Diego Ulissi (Lampre Merida). Malgré tout, Sagan s'est dit très satisfait de son week-end de compétition.

«C'était différent du sprint final de Québec, a évoqué le champion du monde de cyclisme sur route. Je l'ai entamé en étant très fatigué, et après avoir franchi le fil d'arrivée j'ai ressenti des crampes. Ceci étant dit, je suis très heureux de ma deuxième place.»

Van Avermaet, qui avait terminé deuxième à Québec vendredi, a complété l'épreuve de 205,7 km en cinq heures, 27 minutes et 4 secondes. Il a ainsi pu prendre sa revanche sur Sagan.

«C'était très serré à Québec - Peter (Sagan) était plus fort que moi là-bas -, mais cette fois-ci j'ai parfaitement synchronisé mon attaque, a-t-il dit. C'est tout un soulagement, parce que ça fait plusieurs fois que je passe près d'une victoire ici sans pouvoir la concrétiser. Deuxième (à Québec) et premier (à Montréal), je ne peux demander mieux.»

D'autre part, Benjamin Perry (Équipe Canada) a remporté le titre de meilleur grimpeur, tandis que son compatriote Ryder Hesjedal (Trek-Segafredo) a été le meilleur représentant de l'unifolié avec une 19e place. Hesjedal succède donc à Guillaume Boivin (Équipe Canada), qui avait pris le 17e échelon du Grand Prix cycliste de Québec vendredi.

Hesjedal, qui mettra un terme à sa carrière dans 22 jours au Tour de Lombardie, s'est dit très heureux de sa dernière performance en sol canadien. Installé dans le peloton de poursuite dans les derniers tours, le vétéran a cependant admis avoir manqué de carburant.

«Mon plan était de rendre la course la plus difficile possible pour les «puncheurs', a-t-il expliqué. Malheureusement, il y avait tout simplement trop de gars derrière moi. Néanmoins, je suis satisfait de ma performance. C'était amusant.»

Déception chez les Québécois

Contrairement à la course de Québec, aucun Québécois n'a pu percer le top-50 cette fois-ci. Antoine Duchesne (Direct Énergie) fut le meilleur d'entre eux avec une 51e position, à 1:11 de Van Avermaet.

«C'était une course de style Pro Tour, avec une augmentation progressive de la pression, a dit Duchesne. Ç'a allait de plus en plus vite vers la fin, et un parcours comme celui-là est super usant, donc je suis vraiment déçu.»

Boivin (Équipe Canada) a terminé 54e à 3:36 du Belge, tandis que Hugo Houle (AG2R La Mondiale) a enregistré le même chrono et pris le 56e rang.

«Au sommet de la dernière côte (Polytechnique), ç'a bougé et j'ai décidé de suivre, a confié Houle, à bout de souffle. J'ignore combien nous étions, mais je savais que je devais mettre de la pression sur les autres afin de les fatiguer. Je savais que si je ne le faisais pas, alors Sagan et Van Avermaet seraient impossibles à battre dans la pédale à la montée.

«Il m'en manquait un peu à la fin, mais somme toute c'était une très bonne journée à la fin.»

Une échappée à six

La course s'est mise en branle sous un ciel nuageux, mais il s'est dégagé au fur et à mesure que l'épreuve progressait. Les conditions se sont néanmoins révélées très difficiles pour les coureurs, puisque des rafales de vent atteignant 60 km/h ont balayé le circuit pendant une bonne partie de la journée.

Un petit groupe de six coureurs, mené par Perry et Matteo Dal-Cin (Équipe Canada), s'est progressivement détaché dans les premiers tours de piste jusqu'à environ 75 km du fil d'arrivée. Le peloton principal, alors scindé en plusieurs petits groupes, l'a cependant englouti à deux tours de l'arrivée, mettant la table pour le sprint final.

«C'est moi qui ai lancé le sprint final dans la voie Camilien-Houde aujourd'hui, a souligné Hesjedal. Malheureusement, ça n'a pas fonctionné, mais lorsque tu vois les coureurs qui sont sur le podium, alors tu réalises qu'il n'y avait rien à faire.»

Les cyclistes ont effectué 17 tours du tracé de 12,1 km qui ceinturait essentiellement le mont Royal. Le circuit du GPCM s'est révélé éreintant, notamment à cause du dénivelé de 229 m - dû, entre autres, à la voie Camilien-Houde (211 m) et au fameux «mur» de Polytechnique (158 m).

Au total, 167 cyclistes ont pris le départ du GPCM, qui en était à sa septième année d'existence. Il s'agissait également de la deuxième et dernière épreuve en sol nord-américain du circuit World Tour de l'UCI cette saison, après celle de Québec vendredi après-midi.