Joëlle Numainville aurait pu se laisser moisir dans la misère après avoir vécu la vive déception d'être exclue de l'équipe canadienne de cyclisme aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro. La Lavalloise de 28 ans a plutôt rebondi en accumulant les bonnes performances sur la scène internationale.

De retour à Montréal après avoir accédé à la troisième marche du podium au Grand Prix de Plouay-Bretagne, samedi dernier, Numainville a déclaré avoir tourné la page sur l'épisode de juin dernier, quand elle n'a pas reçu son billet pour Rio.

«C'est sûr qu'il y a eu la déception des Jeux, j'étais très déçue. On a ça en tête pendant quatre ans, c'était difficile, a raconté Numainville en entrevue avec la Presse canadienne. C'était un peu bizarre de les regarder cette fois-ci, faut pas se mentir. J'avais fait mon deuil avant les Jeux et depuis, je suis passée à autre chose.»

Il faut dire que ses résultats depuis le début du mois de juillet lui ont donné de bonnes raisons de se changer les idées.

Elle s'est d'abord imposée au Tour de Delta, en Colombie-Britannique, avant de signer des quatrièmes places lors de la première étape du Tour de Thuringe féminin et de La Course by Le Tour de France, ainsi qu'une sixième position à la Classique Ride London.

Numainville a aussi aidé l'équipe Cervélo Bigla à prendre le deuxième rang du contre-la-montre par équipe en Coupe du monde à Vargarda, en Suède, le 19 août, avant son podium à Plouay-Bretagne le week-end dernier.

Tous ces résultats l'ont aidée à grimper au 24e échelon du classement mondial.

«Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai toujours mes meilleures performances en deuxième moitié de saison, a expliqué celle qui avait terminé en 12e place à l'épreuve de course sur route aux Jeux olympiques de Londres, en 2012. Cette année, c'est depuis mon retour après la déception entourant les Jeux.

«J'ai une approche un peu différente, je veux gagner à chaque course, je sais que je peux menacer et monter sur le podium. Je suis d'ailleurs très contente de mon podium au Plouay.»

Une commotion cérébrale subie lors d'une chute en compétition au printemps 2013 a déraillé la carrière de Numainville pendant environ un an et demi. Si la remise en forme a été longue, Numainville admet avoir peut-être enfin repris la confiance nécessaire pour accumuler les bons résultats.

«Je n'ai plus peur, je n'ai rien à perdre. À chaque course, je n'ai rien à perdre, a déclaré Numainville, qui continue parallèlement une maîtrise en finance appliquée à l'UQAM. Avant chaque course, je demande à mon entraîneur quoi faire et je l'applique à 115%. Je n'ai plus peur de le faire et je suis vraiment agressive quand il le faut. C'est ça qui est ça, mais ça marche vraiment.»

Numainville a raconté avoir essayé de suivre les Jeux de Rio à travers son entraînement en Europe et a félicité l'équipe canadienne pour ses performances. Si la déception de l'épisode de Rio est derrière elle, il est encore trop tôt pour regarder vers les Jeux de Tokyo, en 2020.

«Quatre ans, c'est long. J'ai de la misère à planifier ce qui va arriver dans deux semaines», s'est exclamée Numainville.

«Je suis plutôt concentrée sur les Championnats du monde, a-t-elle ajouté. Je suis contente de ma forme physique et ça va bien partout - au sprint, au contre-la-montre par équipe. Je suis à l'aise dans un sprint de peloton ou dans un sprint en plus petit groupe.»

Les Championnats du monde de cyclisme sur route auront lieu du 9 au 16 octobre à Doha, au Qatar. D'ici-là, Numainville peaufinera sa préparation en participant à la Mayor's Cup de Boston, le 17 septembre, ainsi qu'à deux épreuves en Italie, les 24 et 25 septembre.