Le Britannique Chris Froome (Sky) s'est quasiment assuré la victoire dans le Tour de France après la 20e et avant-dernière étape enlevée samedi à l'Alpe d'Huez par le Français Thibaut Pinot (FDJ).

Froome a lâché 1 min 26 s à son dauphin, le Colombien Nairo Quintana, mais a préservé son maillot jaune de leader à la veille de l'arrivée à Paris.

Sur la ligne d'arrivée, Pinot a précédé de 18 secondes Quintana, parti à l'attaque à l'entrée des dix derniers kilomètres de la célèbre ascension.

À la veille de la dernière étape, une formalité de 109,5 kilomètres pour relier Sèvres à Paris, Froome précède Quintana de 1 min 12 s au classement général. L'Espagnol Alejandro Valverde complète le podium à 5 min 25 s de l'Anglais.

À 1860 mètres d'altitude, Pinot a signé la troisième victoire française consécutive à l'Alpe d'Huez après Pierre Rolland (2011) et Christophe Riblon (2013).

Dans cette étape de 110,5 kilomètres, le Français Alexandre Geniez, parti à l'avant dès le baisser de drapeau à la sortie de Modane, a distancé ses compagnons (Edet, Navardauskas, Bak) dans la Croix-de-Fer, la première des deux ascensions hors catégorie du jour.

L'attaque de Quintana

À 2,5 kilomètres du sommet, Quintana est passé à l'attaque en s'appuyant sur son coéquipier espagnol Alejandro Valverde sans pouvoir creuser un écart supérieur à une douzaine de secondes sur Froome.

Le duo de l'équipe Movistar a coupé son effort dans la descente, mise à profit par un groupe de contre-attaque (Plaza, Serpa, Pinot, Hesjedal, Anacona, Rolland) pour se rapprocher de Geniez.

Le Français a abordé la montée (13,8 km à 8,1 %) vers la station de l'Oisans avec 1 min 15 s sur les contre-attaquants et 3 min 40 s sur le groupe des favoris. Pinot, son coéquipier, et le Canadien Ryder Hesjedal l'ont rejoint à moins de 9 kilomètres du sommet.

Pinot a distancé définitivement Hesjedal, accrocheur en diable, à 6,3 kilomètres de la ligne. Mais il est resté jusqu'au bout sous la menace de Quintana, impressionnant dans la montée. Froome, longtemps dans le sillage de ses coéquipiers (Poels puis Porte), a dû laisser partir le Colombien à 9,5 kilomètres du final.

«Cette montée me faisait rêver, c'est une étape que tout le monde coche», a déclaré Pinot. «C'était beaucoup de stress. Je n'avais pas les écarts.»

«J'ai eu beaucoup de malchance dans ce Tour mais j'y ai toujours cru», a ajouté le Franc-Comtois. «J'ai connu une première semaine difficile, j'ai dû me remobiliser.»

Froome dans le dur

Troisième et meilleur jeune du Tour de France l'an passé, le Français (25 ans) a enlevé son deuxième succès d'étape dans le Tour, trois ans après s'être révélé en pleine lumière dans l'étape de Porrentruy (Suisse). Il avait ensuite pris la 10e place du classement final, pour sa première participation.

Le coureur de Mélisey (Haute-Saône) a donné au cyclisme français son troisième succès après ceux des deux coureurs d'AG2R La Mondiale, Alexis Vuillermoz à Mûr-de-Bretagne (8e étape) et Romain Bardet à Saint-Jean-de-Maurienne (18e étape).

Froome, pour sa part, a dépossédé Bardet du maillot à pois du meilleur grimpeur, son deuxième maillot distinctif avec le jaune.

«Cette année, la course a été très dure, chaque jour à bloc», a déclaré en français le Britannique, sur le point de gagner son deuxième Tour après 2013.

Froome a rendu hommage à Quintana, qui porte le maillot blanc du meilleur jeune: «J'avais 2 min 38 s d'avance mais il pouvait gagner. Il est jeune, il est très fort, il a une bonne mentalité. L'an prochain, on refera le match.»

«C'était ma dernière chance», a répondu le Colombien, déjà deuxième en 2013. «On a essayé de passer à l'attaque sur la Croix-de-Fer mais ce n'était pas suffisant. Je visais à la fois la victoire d'étape et le maillot jaune. Froome s'est très bien défendu. Je pense avoir perdu le Tour dans la première semaine. Mais je suis quand même content. Deuxième, ce n'est pas si mal...»