Le Britannique Stephen Cummings, qui défend les couleurs de l'équipe sud-africaine MTN-Qhubeka, a surpris les Français pour remporter samedi à Mende la 14e étape du Tour de France dont le maillot jaune, le Britannique Chris Froome, a été visé par un spectateur.

Froome s'est plaint après l'arrivée d'avoir reçu un jet d'urine pendant l'étape. Il a accusé des reportages d'avoir alimenté la suspicion sur son équipe Sky, après sa domination écrasante mardi dans la première étape des Pyrénées.

Le matin, son lieutenant australien Richie Porte avait affirmé avoir reçu un coup ce jour-là de la part d'un spectateur.

À Mende, Cummings a devancé les deux grands espoirs du cyclisme français, Thibaut Pinot et Romain Bardet, qui se sont neutralisés dans le final.

Dans la côte d'arrivée, Froome a été mis à l'épreuve par le Colombien Nairo Quintana. Mais il a gardé le maillot jaune en grignotant même une seconde supplémentaire sur la ligne.

Quintana, qui pointe désormais à 3 min 10 s au classement, a récupéré la deuxième place du classement général aux dépens de l'Américain Tejay van Garderen, à la peine dans la dernière côte.

«Du gâchis!»

Sous les yeux du président de la République François Hollande, Pinot et Bardet ont laissé passer une occasion en or de décrocher un deuxième succès pour le cyclisme français, seulement honoré jusqu'à présent par Alexis Vuillermoz à Mûr-de-Bretagne (8e étape).

En souffrance dans les deux premières étapes des Pyrénées, ils ont surmonté leurs difficultés, un an après s'être illustrés dans le Tour 2014 (Pinot 3e, Bardet 6e). Mais sans parvenir à conclure et enlever la victoire convoitée.

En tête au sommet, à 1500 mètres de la ligne, ils ont vu revenir Cummings sous la flamme rouge du dernier kilomètre.

Le Britannique, lancé à pleine vitesse, a provoqué une cassure pour s'imposer avec 2 secondes d'avance sur Pinot et 3 secondes sur Bardet.

«C'est du gâchis!», s'est exclamé Pinot. «On s'est regardé et Cummings a giclé de l'arrière, il est arrivé lancé, il a pris les courbes plus vite que nous, il nous a eus».

«Je ne connaissais pas la montée, c'était plus long que ce que je pensais. Je l'ai payé sur le haut», a réagi Bardet qui a attaqué à trois reprises dans la montée. «Je marquais exclusivement Thibaut, je pensais pouvoir le devancer au sprint. Je n'ai pas vu revenir Cummings».

Dans la montée vers l'arrivée, très pentue (3 km à 10,1 %), Quintana a forcé l'allure à plusieurs reprises. Froome, qui n'est pas revenu immédiatement dans sa roue, l'a rejoint sur le haut pour le précéder sur la ligne installée sur la piste de l'aérodrome.

Pour le Mandelay Day

«Quintana était très fort, j'étais satisfait de pouvoir le suivre à distance. Je savais que je rentrerais sur lui avant le sommet», a expliqué le porteur du maillot jaune.

«C'est lui qui représente la plus grande menace. Je m'attends à ce qu'il recommence dans les Alpes», a ajouté Froome.

Dans cette étape de 178,5 kilomètres, l'échappée décisive de 20 coureurs a pris corps après le sprint intermédiaire de Millau (Km 78,5), suite à un début d'étape très animé.

Ce groupe a compté jusqu'à huit minutes d'avance, sous l'impulsion le plus souvent de l'équipe FDJ, la plus représentée (Ladagnous, Pinot, Roy). Le Polonais Michal Golas a pris les devants à l'entrée des 30 derniers kilomètres, imité ensuite par le Slovène Kristijan Koren. Tous deux ont été repris sur les premières rampes de la côte de la Croix-Neuve.

Cummings, qui est âgé de 34 ans, a donné son premier succès dans le Tour à l'équipe sud-africaine MTN-Qhubeka qui participe à l'épreuve pour la première fois.

«Quand j'ai gagné une étape de la Vuelta (en 2012), je me suis dit ''pourquoi pas au Tour''. Mais, pour cela, il faut avoir un rôle d'électron libre. L'équipe m'a recruté pour ça, pour gagner une étape. C'est formidable d'y arriver le Mandela Day [jour anniversaire de la naissance de l'ancien président sud-africain]», a déclaré le vainqueur du jour.

Eduardo Sepulveda exclu

Le coureur argentin Eduardo Sepulveda a été mis hors course sur décision du jury des commissaires pour avoir effectué quelques dizaines de mètres... en voiture, a-t-on appris auprès de son équipe, Bretagne Séché Environnement, et de l'organisation du Tour de France, samedi à Mende.

Au cours de la 14e étape reliant Rodez à Mende, le coureur «a été victime d'un bris de chaîne et a été négligent au moment du dépannage», a expliqué son directeur sportif Emmanuel Hubert.

«Il est resté sur le bord de la route, je ne l'ai pas vu de suite et ne me suis arrêté qu'un peu plus tard», a expliqué le directeur sportif.

«Dans la panique, Eduardo a été perturbé: il est monté dans la voiture d'Europcar pour remonter jusqu'à moi. Il a fait 100 mètres. Il n'aurait pas dû: il aurait dû les faire à pied», a-t-il poursuivi.

La sanction a été sans pitié: mise hors course et 200 francs suisses d'amende (270 dollars).

«C'est sévère car il n'a pas voulu tricher. Et c'est regrettable car il était notre leader, 19e au général», se plaignait Hubert.

Le directeur de la course, Thierry Gouvenou, a confirmé cette version, expliquant que Vincent Lavenu (gérant d'Europcar, au volant du véhicule «taxi») «avait été tout surpris de voir un coureur monter dans sa voiture».