Banni du cyclisme et déchu de ses sept maillots jaunes après ses aveux de dopage, Lance Armstrong retrouve les routes françaises, vingt-quatre heures avant les coureurs du Tour, jeudi entre Muret et Rodez, puis vendredi entre Rodez et Mende, au profit d'une association caritative.

Lance Armstrong a fixé rendez-vous jeudi, dès potron-minet, à Venerque, un village blotti à une trentaine de kilomètres au sud de Toulouse. C'est là que le Texan, déchu en 2012 de la plupart de ses titres, dont ses 7 succès sur le Tour (1999-2005), prendra le départ d'une randonnée vers Rodez.

Il pédalera pour l'opération «Le Tour, One Day Ahead» («Le Tour, un jour avant»), en faveur de «Cure Leukemia», qui lutte contre la leucémie, sur une idée de Geoff Thomas (50 ans), un ancien footballeur international anglais (9 sélections) qui a vaincu la maladie.

Ce dernier effectue avec dix autres cyclistes amateurs anglais (8 hommes et 2 femmes de 30 à 54 ans) depuis le 3 juillet - et jusqu'au 25 - un Tour de France complet en empruntant le même parcours que les professionnels, mais un jour avant.

C'est ainsi qu'Armstrong, qui a reconnu s'être dopé début 2013 lors d'une émission télévisée, retrouvera les routes françaises.

L'objectif, au début de l'opération, était de récolter «environ un million de livres sterling (environ 1,4 million d'euros)» à travers différentes opérations et dons, mais aussi grâce aux 70 000 euros récoltés par chacun des onze participants à travers différents parrainages.

Mardi, la somme récoltée atteignait déjà 840 000 euros, selon un membre de l'Association, joint par l'AFP.

«Manque de respect» selon l'UCI

Si Geoff Thomas compte bien évidemment sur la présence du Texan pour récolter davantage de dons, le président de l'Union cycliste internationale (UCI) Brian Cookson avait dénoncé l'opération dès le mois de mars. Elle constitue, selon lui, «un manque de respect pour le Tour, pour les autres coureurs, pour l'UCI et tous les gens qui se battent contre le dopage».

Le directeur du Tour, lui, a botté en touche: «Il y a tellement de gens qui veulent faire le Tour un jour avant... C'est route ouverte la veille du Tour...», a dit Christian Prudhomme au Figaro.

Le sulfureux Américain, âgé maintenant de 43 ans, avait abordé la question dans un entretien accordé dans sa maison d'Aspen (Colorado) à des journalistes, dont un de l'AFP, le 11 juin.

«Je me trompe peut-être - et je me suis souvent trompé dans ma vie -, mais je suis allé en France depuis que tout cela s'est passé (...) Les gens pensent que j'ai une mauvaise relation avec le pays, mais moi j'aime aller là-bas. Comme partout, certaines personnes sont sympa, d'autres ne sont pas sympa», avait-il déclaré.

«Je conçois que certains aient du mal à accepter son soutien, mais mon calcul est simple: si son implication peut aider à sauver une vie supplémentaire, alors cela ne peut être qu'une bonne chose», affirme Geoff Thomas dans un communiqué de l'association «Cure Leukemia».

Armstrong sera fixé dès jeudi sur son image auprès du grand public, plus de deux ans après ses aveux.

En attendant son retour sur les routes, il a préparé le terrain. En bon communicant, il a twitté ses interrogations sur la performance de Chris Froome, spectaculaire vainqueur mardi de la 10e étape du tour: «Clairement, Froome/Porte/Sky sont très forts. Trop fort pour être propres? Ne me demandez pas, je n'ai pas la réponse».

Une façon de se replacer dans le débat. Juste avant de remonter en selle.