Alberto Contador s'attaque dès samedi à Utrecht à l'un des défis les plus spectaculaires de sa carrière en tentant de réussir le doublé Tour d'Italie-Tour de France la même année, performance que sept coureurs seulement ont réussie jusqu'à présent.

L'Espagnol, leader de la formation Tinkoff, verrait bien son nom s'ajouter à ceux de ces géants que sont Coppi, Anquetil, Merckx, Hinault, Roche, Indurain et Pantani, le dernier à avoir réussi le plus prestigieux des doublés, en 1998.

«Gagner le Tour une fois de plus ne changera rien à ma carrière. Par contre, gagner Giro et Tour la même année, on se souviendra de ça», estimait-il jeudi.

«La façon dont je conçois ma carrière, c'est que le doublé Giro-Tour est une seule victoire, une seule entité. On ne dira pas "il a gagné le Giro puis le Tour" mais "il a réussi le doublé"», insistait le grimpeur, vainqueur aussi de la dernière Vuelta.

Voilà donc 17 ans que personne n'a réussi ce doublé.

«Tout le monde me dit que ce n'est plus possible de nos jours. Essayons de prouver le contraire», avait déclaré Contador en début de saison, lors de la présentation de son équipe.

Il veut donc y croire et trouve matière à espérer dans de récents propos d'Eddy Merckx dans les médias belges: «J'ai souvent été meilleur au Tour lorsque j'avais disputé le Giro auparavant», a expliqué le Belge, cinq fois vainqueur des deux grands tours, trois fois la même année (1970, 1972 et 1974).

Le «Cannibale», d'ailleurs, «ne voit pas pourquoi il ne serait plus possible de réussir cet exploit aujourd'hui».

«Le mental est OK, le corps on verra»

En 2011, le «Pistolero» avait déjà tenté le coup. Après son succès sur le Giro, il avait pris la cinquième place d'un Tour où il avait chuté plusieurs fois lors de la première semaine. Ces résultats avaient été annulés suite à l'affaire de dopage au clenbutérol au Tour 2010.

Pour réaliser son objectif cette fois, l'Espagnol explique avoir retardé son pic de forme et fait en sorte de pourvoir rester au sommet durant sept semaines.

Mais s'il se dit «mentalement prêt», il n'a pas levé tous les doutes sur ses capacités physiques à enchaîner les deux plus grandes épreuves par étapes du calendrier.

«Mon corps? On verra, j'espère qu'il répondra, souffle-t-il. Le principal souci est de savoir comment il va réagir à l'enchaînement Giro-Tour et à tous ces efforts effectués en peu de temps. Je n'en fais toutefois pas de cauchemars».

Sauf qu'il se préoccupe, à la lecture du parcours...

«La première semaine est peut-être la plus compliquée de ces dernières années. Et après neuf premiers jours exigeants, il y aura aussi six étapes de montagne très, très difficiles. La clé est d'en être conscient et de rouler en conséquence», avance-t-il.

Outre ses interrogations sur sa faculté à récupérer, Contador doit aussi compter avec un autre facteur: la concurrence. Là aussi, il avance avec prudence.

«Tout le monde cite quatre favoris (Contador, Nibali, Quintana et Froome, ndlr) mais il y a beaucoup d'autres candidats à la victoire. Bardet, Valverde, Pinot, Rodriguez. Ils seront redoutables. Ce Tour s'annonce très serré».

Présenté comme cela, l'objectif du doublé est un sacré challenge... En cas de réussite, il faudra parler d'exploit.