Pour la première fois, la Coupe du monde de cyclo-cross se transporte en Amérique. Surprise, Montréal se joint au défilé. Le 19 septembre, la métropole présentera la deuxième étape du circuit, qui aura débuté trois jours plus tôt à Las Vegas.

«Je pense que ça va être un bon show, les gens vont vraiment aimer ça», promet le PDG de Gestev, Patrice Drouin, qui mijote ce projet depuis au moins deux ans.

Connu depuis longtemps à l'Union cycliste internationale (UCI) pour son organisation impeccable de la Coupe du monde de vélo de montagne au Mont-Sainte-Anne, Drouin a toujours senti qu'il ne devait pas heurter la sensibilité des gens du cyclo-cross. Née au milieu du siècle dernier, cette discipline alliant routes asphaltées et terrains accidentés a des racines bien ancrées dans le nord de l'Europe, en particulier en Belgique, en France et aux Pays-Bas.

Sa montée en popularité en Amérique du Nord, en particulier dans le nord-est des États-Unis, et la volonté de l'UCI de favoriser son internationalisation, surtout depuis l'entrée en fonction du président Brian Cookson, ont changé la donne.

Le désir parallèle de l'organisateur du Cross Vegas de se joindre à la Coupe du monde a permis de cristalliser le projet de faire traverser l'Atlantique aux quelque 200 meilleurs spécialistes féminins et masculins.

«C'était un prérequis, juste Montréal, ou juste Vegas, ça n'aurait pas eu lieu», souligne Drouin, joint hier après-midi, quelques heures après l'annonce de l'UCI en marge des Mondiaux qui se tiennent ce week-end en République tchèque. «On veut travailler ensemble et s'épauler pour que ce début de saison de Coupe du monde en Amérique du Nord devienne un classique.»

Gestev attend la visite prochaine d'un représentant de l'UCI avant de confirmer l'endroit où se tiendront les courses. Elles seront organisées «au coeur de la ville» avec «comme toile de fond une icône de la métropole», mentionne-t-on dans un communiqué. Quelques options sont à l'étude, mais un site est particulièrement visé.

Pourquoi pas au Stade?

Le Stade olympique et le parc Maisonneuve peuvent-ils être considérés comme «au coeur de la ville» ? L'organisateur ne veut pas répondre, mais indique que le statut olympique de Montréal a joué en faveur de sa candidature.

«Ce n'est pas un sport qui a une relation avec l'olympisme, mais je pense que le fait de traverser en Amérique ne nuira certainement pas si un jour il y a une démarche vers le CIO», précise Drouin. Le caractère cosmopolite de Montréal et le marché touristique potentiel du Nord-Est américain ont également pesé dans la balance.

Le parcours s'étalera sur environ trois kilomètres et comprendra au moins une ligne droite de 150 mètres sur l'asphalte après le départ. «Après ça, c'est très créatif, explique Drouin. Il y a des côtes, des virages à angle, en dévers, des escaliers. Il faut que tout puisse se descendre en vélo, mais il n'est pas obligatoire que tout se monte en vélo.» Des obstacles artificiels forcent les compétiteurs à descendre de selle et à courir avec leur monture sur l'épaule.

L'échéancier de septembre est serré pour un premier événement, mais le producteur est conforté par une entente renouvelable de deux ans avec l'UCI. Le budget surpassera 1,2 million de dollars et sera financé aux deux tiers par des fonds privés. La dernière saison de Coupe du monde comportait six manches aux Pays-Bas, en Belgique et en Grande-Bretagne.

«Avec Montréal qui suivra Las Vegas en ouverture de saison [2015-2016], ces événements repoussent bel et bien les frontières géographiques de la discipline», s'est réjoui le président de l'UCI, Brian Cookson, dans le communiqué.