Absent en 2014 après une retraite forcée, Dominique Rollin a repris la compétition jeudi au Challenge de Majorque, en Espagne. Sous ses nouvelles couleurs de Cofidis, le rouleur québécois aura pour tâche de mettre la table pour l'as sprinteur Nacer Bouhanni. Incluant au Tour de France.

Fraîchement retraité, Dominique Rollin souriait intérieurement lorsqu'il a assisté au dernier Tour de France dans la peau d'un accompagnateur pour l'équipe Garmin. «Je me suis dit: ce serait pas pire de revenir, d'être dans la course et non aux alentours.»

Le cycliste québécois ne faisait pas que se laisser aller à la rêverie. Les négociations avec l'équipe française Cofidis étaient très avancées. L'annonce de sa signature et de son retour dans le peloton professionnel n'était plus qu'une formalité.

Six mois plus tard, une participation au Tour de France, dont il parlait déjà avec La Presse en septembre, paraît plus réelle que jamais. Nacer Bouhanni, le sprinteur-vedette autour duquel s'articule cette formation Cofidis renouvelée, a clairement indiqué que Rollin était l'un des quatre coureurs désignés pour l'épauler, spécialement au Tour.

«J'aurai un train exclusif pour les sprints», a spécifié Bouhanni à francetvsport à la mi-janvier, identifiant Rollin, qu'il a lui-même recruté, le Suédois Jonas Ahlstrand et les Français Adrien Petit et Geoffrey Soupe, un autre ancien FDJ. «Travailler avec le même groupe de personnes, c'est très important pour moi», a ajouté le multiple vainqueur d'étapes au Giro (deux) et à la Vuelta (trois), mais boudé pour le Tour l'an dernier.

«J'ai signé pour ça!», fait Rollin au téléphone quand on lui rapporte les paroles de celui avec qui il s'est lié chez FDJ en 2013. À la veille de sa première course en 15 mois, jeudi au Challenge de Majorque, le cycliste laisse le soin aux observateurs de faire leurs déductions. Mais il est clair dans sa tête qu'il sera du grand départ le 4 juillet à Utrecht, aux Pays-Bas.

«À moins d'un contretemps, à moins que vraiment je ne sois pas au niveau, normalement, oui, je devrais être au départ des mêmes courses que Nacer», se limite-t-il à dire.

Si tout se passe comme prévu, Rollin deviendra donc le deuxième natif du Québec, après David Veilleux en 2013, à s'aligner sur le Tour.

Pour l'heure, le vétéran de 32 ans se préoccupe plutôt de son retour à la compétition. Même s'il a le sentiment du devoir accompli (il a roulé 17 000 km l'an dernier), il appréhendait un sommeil léger quelques heures avant d'épingler des dossards pour la première fois depuis le Tour de Pékin, en octobre 2013.

Finalement, tout s'est déroulé en douceur ou presque. «Même pas fébrile, même pas de stress», exprime le natif de Boucherville, sur la table de massage quelques heures après l'arrivée. «Au début, ça a juste été de reprendre les habitudes dans le peloton, à frotter. Ça n'a pas été long à revenir. À la fin, je me baladais dans le peloton. Alors ça va.»

Avant-dernier lanceur désigné, il n'a pas été en mesure de jouer pleinement son rôle. «On arrivait avec un bon vent de dos, alors c'était un peu dur de se placer, dit celui qui a conclu au 74e rang. On s'est fait emboîter. On est remontés au bon moment, mais on a hésité à partir et une autre équipe est passée et nous a fermé la porte. Ce sera de mieux lire [la situation] la prochaine fois.»

L'Italien Matteo Pelucchi (IAM) a gagné cette première épreuve de l'année en sol européen, devançant son compatriote Elia Viviani (Sky) et l'Espagnol Jose Joaquin Rojas (Movistar). Bouhanni a fini quatrième.

Rollin disputera la deuxième course du Challenge aujourd'hui avant de rentrer chez lui à Gérone pour poursuivre sa préparation. Il enchaînera rapidement avec les tours du Qatar (8-13 février) et d'Oman (17-22 février). Suivront Kuurne-Bruxelles-Kuurne (1er mars), Paris-Nice (8-15 mars) et Milan-San Remo (22 mars), dont il est allé reconnaître le parcours avec Bouhanni et deux autres coéquipiers au début du mois.

Après trois années difficiles avec FDJ, où «tout le monde essayait de courir pour sa gueule» faute de plan clair, Rollin se réjouit de l'ambiance qu'il découvre chez Cofidis. Le fait d'avoir été patronné par Bouhanni ne lui impose pas de pression particulière.

«Ça me donne plus une motivation parce que ça me fait une raison d'être sur le vélo, assure-t-il. Ça me donne le désir de faire mon boulot et de bien le faire. [...] Je sais exactement comment le faire et ça me donne une certaine sécurité dans l'approche de la course.» Et l'espoir de quelques feux d'artifice au mois de juillet.