Il n'était pas dans la salle, mais le nom de Greg Van Avermaet était sur toutes les lèvres lors de la conférence de presse réunissant quelques-unes des têtes d'affiche du Grand Prix cycliste de Québec, hier après-midi. Avec l'Australien Simon Gerrans, le Belge fait figure de grand favori pour l'épreuve WorldTour qui sera disputée demain.

Rencontré une heure plus tard pour une entrevue dans le hall de réception de l'hôtel, Van Avermaet a esquissé un sourire satisfait lorsqu'il a appris que ses principaux adversaires l'avaient dans leur ligne de mire. «C'est bon pour moi, a-t-il réagi. Ça me donne beaucoup de confiance. Ça veut dire que j'ai une valeur, que j'essaie toujours de faire la course et que j'ai obtenu de bons résultats ici.»

Deuxième derrière Gerrans en 2012, il est venu bien près de l'emporter l'an dernier sur la Grande Allée. Or, un mauvais choix dans l'emballage final l'a empêché de revenir sur le Néerlandais Robert Gesink. Cette troisième place l'a amèrement déçu.

«J'avais en quelque sorte choisi la roue de (Peter) Sagan et c'était la première fois de l'année qu'il ne faisait pas le sprint, a relaté Van Avermaet. Je pensais qu'il allait facilement gagner le sprint. C'était un peu bizarre. Après, je revenais de trop loin pour essayer de battre Vichot (2e) et Gesink. Ce n'est pas si facile. Il ne reste plus beaucoup de temps et tu dois prendre la bonne décision au bon moment. Je crois que j'avais les jambes pour gagner la course, mais ce n'est pas arrivé.»

Passer près, c'est un peu l'histoire de la carrière du Flamand de la BMC, que plusieurs observateurs voyaient comme le digne successeur de Tom Boonen ou de Philippe Gilbert. Il compte plusieurs belles victoires à son actif, dont une étape de la Vuelta et deux Tours de Wallonie, mais ce sont plutôt celles qui lui échappent qui tendent à définir son palmarès. Seulement cette saison, il a terminé deuxième au Tour des Flandres, la grande classique qu'il rêve de remporter, au Het Nieuwsblad et à la deuxième étape du Tour de France, à la poursuite de Vincenzo Nibali dans les rues de Sheffield.

«Meilleur deuxième»

Manifestement détendu dans l'environnement «moins stressant» du Québec, l'athlète de 1,81 m et 74 kg n'est pas offusqué de se faire rappeler cette réputation de «meilleur deuxième».

«Depuis quelques années, mes résultats sont toujours très stables, rétorque celui qui a aussi fini quatrième à Montréal l'an dernier. J'ai obtenu de bons résultats dans les courses que je voulais gagner, mais ça n'a jamais vraiment fonctionné. Ce n'est pas faute de travailler. J'ai 29 ans et il me reste encore quelques années en tant que coureur de classiques. Je vais continuer et je crois que cette grande victoire va arriver. Je serai alors un des meilleurs coureurs au monde.»

Il se trouve un peu vieux pour prendre la relève de Boonen, quadruple vainqueur de Paris-Roubaix et triple gagnant du Tour des Flandres, dans l'imaginaire cycliste belge, mais il s'inspire de Peter Van Petegem, qui a remporté son premier «Ronde» à 29 ans.

Encore très motivé

Toujours parmi les cyclistes les plus actifs, il en sera à ses 84e et 85e jours de course à Québec et à Montréal (dimanche), frisant les 15 000 kilomètres avec un dossard. Limité à une seule victoire jusqu'ici, la cinquième étape de l'Eneco Tour il y a un mois, le coureur passe-partout se dit encore très motivé en vue de cette dernière ligne droite. Les Grands Prix canadiens, dont il adore les circuits urbains, sont toujours encerclés dans son calendrier. Il y voit une excellente préparation et un «bon test» pour les Mondiaux de Ponferrada, en Espagne, du 21 au 28 septembre.

«Pour des coureurs comme moi, il n'y a pas tant de courses où on peut faire la différence comme ici, note Van Avermaet. Si je peux gagner ce genre de semi-classiques, ce serait un excellent tremplin pour mon avenir.» Et une façon de confirmer que ses rivaux avaient bien raison de l'avoir à l'oeil.