Entre confiance et prudence, Vincenzo Nibali aborde la suite du Tour de France tranquillement, sans rival unique même si le nom de l'Australien Richie Porte revient le plus souvent dans ses propos.

«Il ne faut sous-estimer personne», a insisté le champion d'Italie lors de la conférence de presse tenue par l'équipe Astana, avec 45 minutes de retard sur l'horaire prévu, sur l'aire gravillonneuse d'un stationnement d'hôtel.

Q: Qu'avez-vous à craindre dans les deux semaines à venir?

R: «Il reste encore tant à faire jusqu'à Paris. Chaque jour peut donner lieu à surprises. J'ai des adversaires importants comme Porte et Valverde, qui sont les plus proches au classement. Heureusement, j'ai une équipe très solide. Jusqu'à présent, on a bien géré la course.»

Q: Les abandons de Froome et Contador risquent-ils d'amoindrir votre victoire, si vous gardez le maillot jaune?

R: «Je regrette leur absence. J'aurais aimé me battre dans la haute montagne. Alberto (Contador) aurait attaqué. Les deux grands vainqueurs de ces dernières années ne sont plus là mais il y a dans la course des coureurs de grande valeur et ambitieux.»

Q: Vous parlez de Porte et Valverde. Et les jeunes Français, comme Thibaut Pinot?

R: «Assurément, il faut faire attention à lui, et à Romain Bardet. Ils ne sont pas loin au classement et, dans le Tour, on peut se retrouver avec quatre minutes d'avance, on l'a vu l'autre jour avec Kwiatkowski. Il ne faut sous-estimer personne. L'an dernier, à la Vuelta, on a commis l'erreur de sous-évaluer Horner et c'est lui qui a gagné.»

Q: Vendredi sera le jour du centième anniversaire de la naissance du «campionissimo» Gino Bartali. Quel est votre rapport avec les champions du passé?

R: «C'est un grand plaisir d'évoquer ce sujet. Gimondi, Bartali, Coppi, ce sont des grands noms du cyclisme italien et international. J'ai la chair de poule de porter le maillot jaune après eux, après un champion tel que Bernard Hinault qui me le remet sur le podium.»

Q: Et Pantani, dernier vainqueur italien du Tour (en 1998)?

R: «Si je lui succède, ce sera un très grand honneur. Sa mère m'a remis l'un des maillots jaunes de Marco. Je lui ai promis que je lui donnerai l'un des miens, si tout se passe bien je le répète.»

Q: Doit-on s'attendre à vous voir courir en attaque, comme vous aimez le faire, ou en défense?

R: «J'ai un bon avantage. Mais si j'ai la possibilité de l'accroître encore, je le ferai. Un adversaire comme Porte est bon dans la montagne et dans le contre-la-montre. Quant à Valverde, je m'attends à ce qu'il attaque un jour ou l'autre.»

Q: Quelle étape de montagne sera la plus difficile?

R: «Hautacam sera importante et... (il hésite, s'entretient avec Fuglsang, son équipier présent à ses côtés) je verrai jour après jour. Avec Michele (Scarponi), on continuera à faire ce qu'on a fait jusqu'à présent.»

Q: Et le plus difficile jusqu'à présent?

R: «Sans aucun doute, le stress. Dans toutes les étapes, il faut rester dans les premières positions. J'ai eu un grand soutien de l'équipe. Je me souviens dans le Tour 2012 d'une grosse chute d'une cinquantaine de coureurs. Le Tour, c'est cela. Il y a des chutes, il faut passer à travers. La route est longue jusqu'à Paris.»