Le tenant du titre, le Britannique Chris Froome, un double vainqueur, l'Espagnol Alberto Contador: l'affiche du Tour de France 2014, qui part samedi d'Angleterre (Leeds), offre un duel au sommet entre deux premiers rôles.

Un an après un spectaculaire départ de Corse pour sa 100e édition, la plus grande course de l'année donnera ses premiers tours de roue dans le Yorkshire. Comme un symbole du boom du cyclisme au Royaume-Uni, dans le prolongement des succès de Bradley Wiggins, premier Britannique vainqueur de la Grande Boucle en 2012, et de Chris Froome, les deux chefs de file de la puissante équipe Sky.

Wiggins laissé sur la touche, les responsabilités sont écrasantes pour Froome dont le parcours 2014 a été semé d'accrocs (maladie, allergie). Jusqu'au récent Dauphiné qui lui a échappé, certes en raison surtout d'une chute à deux jours de l'arrivée.

Toujours aussi fort dans les cols et les contre-la-montre, le Britannique de 29 ans élevé en Afrique n'a plus couru depuis le Dauphiné. Tout comme son rival numéro un, Alberto Contador (31 ans), flamboyant attaquant revenu en grâce cette saison (victoires à Tirreno-Adriatico et au Tour du Pays Basque).

Les pièges de l'ouverture

«Cela se présente comme un match, mais avec des coups de Jarnac tout à fait possibles», estime le directeur du Tour, Christian Prudhomme. «Il y a de la place pour des surprises, de l'inattendu».

Le Dauphiné, «bande-annonce du Tour» selon son directeur, l'a montré, d'autres candidats peuvent troubler le duel tant annoncé. Avec, en priorité, le troisième homme, Vincenzo Nibali, qui a déjà inscrit les deux autres grands tours (Giro, Vuelta) à son palmarès et s'est emparé samedi du maillot symbolique de champion d'Italie, son premier succès de la saison. Ou encore l'Espagnol Alejandro Valverde, en situation d'embuscade.

Pour tous les candidats au maillot jaune et aux accessits (Van Garderen, Costa, Mollema, Van den Broeck, Talansky, Kwiatkowski, Porte), pour les Français qui visent une place dans les dix premiers (Péraud, Rolland, Pinot, Bardet), il faut surtout franchir sans encombre les pièges de la première semaine. Les pièges? Ils vont des routes étroites et escarpées de la deuxième étape anglaise, pour rejoindre Sheffield, aux sprints majestueux, mais aussi tumultueux, propices aux chutes collectives.

Les pavés de Paris-Roubaix

«La victoire est tellement importante sur chaque étape. Quand on dit une classique par jour, c'est la réalité», souligne Christian Prudhomme. Toutes les catégories de coureurs sont concernées, dans le peloton des 22 équipes (198 concurrents). À commencer par les sprinteurs qui disputent chaque mois de juillet leur championnat du monde (Kittel, Cavendish, Greipel, Degenkolb, Sagan, Kristoff et, pour la première fois, Démare).

Temps fort prévisible, la 5e étape emprunte neuf secteurs pavés de Paris-Roubaix pour rallier Arenberg. Autant dire que les grimpeurs pousseront un soupir de soulagement en voyant la crête des Vosges (8e étape), le massif à l'honneur de cette édition avec une concentration de difficultés le 14 juillet pour arriver à la Planche des Belles Filles.

Les Alpes résumées à deux journées (Chamrousse et Risoul), ce sont les Pyrénées qui doivent servir de cadre à l'explication pour le maillot jaune, à Luchon, au Pla d'Adet (Saint-Lary-Soulan) et à Hautacam. Avant l'unique contre-la-montre, 54 kilomètres dans le Périgord, à la veille de l'arrivée le 27 juillet sur les Champs-Elysées.

Au fur et à mesure que s'éloigne l'ombre envahissante de Lance Armstrong, septuple vainqueur (1999-2005) déchu en 2012 pour dopage, le Tour respire mieux, d'autant que les relations se sont apaisées entre l'Agence mondiale antidopage (AMA) et l'Union cycliste internationale (UCI). Mais Christian Prudhomme le sait: «Il ne faut jamais oublier.»