Les vieilles histoires de dopage ne cessent de refaire surface en cyclisme. La discipline traverse une tempête. Dans cette ambiance souvent morose, certaines nouvelles plus réjouissantes passent inaperçues. C'est le cas de l'embauche du Québécois Antoine Duchesne chez Europcar, l'équipe que vient de quitter le jeune retraité David Veilleux.

L'annonce de son embauche a été faite cette semaine. Elle survient dans un contexte difficile pour les jeunes cyclistes, alors que plusieurs équipes ont cessé leurs activités, faute de commanditaires.

«Cette saison, cinq équipes sont tombées. Alors il y a beaucoup de coureurs sans contrat qui se cherchent une formation, explique Duchesne. Le vainqueur de la Vuelta, aux dernières nouvelles, était toujours sans contrat, tout comme le champion olympique. Dans ces circonstances, je suis vraiment chanceux d'avoir trouvé ma place.»

Pour le Québécois de 22 ans qui évoluait jusqu'à maintenant sur le circuit nord-américain, il s'agit d'un rêve devenu réalité. «C'est comme si je venais de signer [un contrat] avec la Ligue nationale, dit-il. Je n'aurai peut-être pas une carrière de 20 ans. Je ne serai peut-être pas sur le podium chaque mois. Mais au moins je pourrai toujours dire que j'ai couru à ce niveau et en Europe.»

Europcar a pris contact avec lui en septembre dernier lors des Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal. Mais les choses ont traîné en longueur. «Louis Garneau et Serge Arsenault ont tous deux dit de bons mots pour moi. Je pense que ça a vraiment aidé. Dans le marché actuel, un CV ne suffit plus pour un jeune cycliste.»

Duchesne reconnaît que de courir sur le ProTour représente «un step up». Il reste réaliste et se donne comme unique objectif d'être un bon coéquipier. Son premier camp d'entraînement aura lieu en décembre, en Espagne.

À la place de Veilleux

David Veilleux est devenu le premier Québécois à disputer le Tour de France, avant d'annoncer sa retraite. A-t-il fait une bonne réputation aux coureurs québécois chez Europcar? «Je ne sais pas. Ce que je sais, c'est qu'il m'a donné un bon coup de main en libérant sa place!», de dire Duchesne, double champion canadien des moins de 23 ans.

Cette bonne nouvelle survient dans un contexte morose pour le cyclisme canadien, quelques jours après que Ryder Hesjedal eut avoué s'être dopé. Antoine Duchesne n'en fait pas un plat.

«C'est sûr que je me la fais souvent poser, la question: «Toi, t'es-tu déjà fait offrir des produits dopants?» C'est un peu tannant, mais j'aime mieux faire partie de la génération actuelle de coureurs, note-t-il. Pour ma génération, le dopage est tabou. Se doper n'est même pas dans les mentalités. Il y en a encore, des coureurs qui trichent, c'est sûr. Mais vraiment, vraiment moins qu'avant.

«Il ne faut pas juger comme avant. Oui, c'est possible de gagner sans tricher aujourd'hui.»