Depuis la disparition de la Coupe du monde sur le mont Royal, le cyclisme féminin fait peu parler de lui au Québec, retrouvant l'anonymat relatif dans lequel il baigne en Europe. Il y a pourtant quelques cyclistes d'ici qui s'illustrent sur la scène internationale.

Aux Mondiaux de Florence, elles seront quatre représentantes du Québec parmi les six membres de l'équipe canadienne à la course sur route de samedi: Joëlle Numainville, Lex Albrecht, Véronique Fortin et Karol-Ann Canuel.

Pendant qu'ici, à la fin du mois d'août, l'attention était tournée vers Chris Froome et la préparation des Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal, Canuel a connu une série de succès en France qui lui permet d'afficher ses ambitions pour les Mondiaux, où le circuit final accidenté a tout pour lui convenir.

«En principe, ça devrait m'avantager, mais ça va être dur», a prévenu la cycliste de 25 ans, jointe à son arrivée en Italie plus tôt cette semaine. «Je m'attends à quelque chose comme la Coupe du monde de Plouay, mais je me dis que ça va être encore plus dur. Je m'attends au pire!»

Ce qui, dans le cas d'une grimpeuse, pourrait se traduire par le mieux. À Plouay, Canuel a sans doute connu la meilleure course de sa carrière, se joignant à l'échappée gagnante orchestrée par la Néerlandaise Marianne Vos, championne mondiale et olympique en titre. L'athlète originaire d'Amos a rallié l'arrivée au cinquième rang, son meilleur résultat sur le circuit de la Coupe du monde.

Une semaine plus tard, la représentante de l'équipe française Vienne-Futuroscope a remporté l'étape reine du tour de l'Ardèche, succédant à sa compatriote Numainville, victorieuse la veille. Canuel a conclu cette course par étapes au troisième rang.

De quoi la mettre en confiance. «Totalement», a reconnu la principale intéressée, qui tient cependant un discours empreint d'une saine prudence. «Je crois que tout est possible. Une victoire, ça fait toujours du bien. Je me dis que si c'est arrivé une fois, ça peut arriver deux fois. C'est sûr que tous les grands noms sont là, que tout le monde est en forme, que tout le monde se prépare pour cette course-là. Mais je ne me l'enlève pas, j'ai peut-être une carte à jouer.»

Révélée par sa cinquième place aux Mondiaux juniors de 2006, Canuel a mis un certain temps avant de trouver ses marques sur le circuit sénior. Ses études universitaires en soins infirmiers prenaient une bonne part de son temps. La confiance en a pris un coup. Au point où elle a songé à abandonner le sport qu'elle pratique depuis qu'elle a 11 ans. «À un moment donné, je me disais: pourquoi je fais ça? À quoi ça me sert de faire ça? J'ai vraiment eu une période difficile.»

Elle remercie les entraîneurs qui l'ont encouragée à continuer, dont l'ancien coach national Éric Van den Eynde. Elle travaille maintenant avec l'ancien champion canadien Dominique Perras, qui loue l'assiduité et le sérieux de sa protégée.

«Je sais que je suis en forme, évalue Canuel. Avec Dominique, ça fait longtemps qu'on se prépare pour cette course-là. Je m'attends à pouvoir faire un bon résultat. J'espère juste être à la bonne place, au bon moment, quand ça va partir.» Ce qui ne manquerait pas de faire rejaillir un peu de lumière sur le cyclisme féminin.