David Veilleux avait un surcroît de motivation lors de son échappée à la deuxième étape du Tour de France, dimanche, entre Bastia et Ajaccio. Le cycliste de 25 ans savait que sa fiancée et son beau-père l'attendaient dans le troisième col de la journée.

Émilie Coulombe et son père sont arrivés vers midi au col de Vizzavona, à l'ombre des majestueux pins laricio. La plupart des spectateurs étaient là depuis quatre heures. De bons samaritains leur ont fait une place pour garer la voiture.

Émilie Coulombe a appris que son futur mari était en échappée par des messages textes des membres de la famille qui écoutaient la course... sur RDS. «L'avance était de 1 min 50. J'étais hyper stressée. On espérait», a-t-elle relaté, mardi après-midi, quelques heures avant le contre-la-montre par équipes de Nice.

Les informations leur parvenaient au compte-gouttes. À un certain moment, une voiture de ravitaillement Europcar s'est arrêtée. Ils ont pu suivre une partie de l'étape en direct sur une tablette électronique fixée au tableau de bord. Le hasard a voulu que Veilleux soit décroché à ce moment-là, dans le col de la Sera, en contrebas.

«J'espérais tellement être encore devant pour que tu me voies !», a confié Veilleux en retrouvant son amoureuse à Ajaccio, quelques heures plus tard.

Émilie Coulombe a été la première personne que David Veilleux a remerciée quand il a annoncé sa sélection pour le Tour de France. Ils se connaissent depuis 14 ans et sont ensemble depuis neuf ans, au moment où le cycliste a fait la transition de la montagne à la route. Elle a donc tout vécu avec lui : les débuts sur la scène provinciale et canadienne, les années aux États-Unis et le grand saut en Europe, en 2010.

«Il en a fait des efforts et des sacrifices pour se rendre jusque-là, rappelle-t-elle. Ça paraît le fun, d'un point de vue extérieur, mais ce n'est pas toujours évident. Bien sûr qu'il est content d'être le premier Québécois au Tour de France, mais ce n'est pas ce qu'il recherchait. Tant mieux si ça motive les gens à se rendre au bout de leurs objectifs, et pas juste dans le monde du vélo. C'est le message qu'il veut véhiculer.»

Pendant cinq ans, tous deux ont vécu à Montréal. Elle pour ses études en comptabilité à McGill, lui pour son baccalauréat en génie mécanique à l'Université de Montréal. Ils sont retournés dans leur ville de Québec natale l'an dernier. Son titre de comptable agréée obtenu, elle travaille au service des ventes de l'entreprise familiale, dont elle souhaite prendre la relève. Sa vie professionnelle est donc bien remplie.

«Nous deux, on a beaucoup d'énergie. On est capables de gérer la distance, assure-t-elle. On se parle deux fois par jour.»

N'empêche, la vie de cycliste professionnel a ses exigences. Comme s'expatrier pour rouler au chaud l'hiver. David Veilleux a parfois trouvé l'éloignement difficile l'an dernier. L'idée de passer un autre hiver loin de sa blonde le rebutait. «On ne s'est pas vus beaucoup l'an passé, raconte-t-elle. Il m'a dit : «Je ne peux pas refaire ça avec le même horaire. Soit tu viens avec moi...»» Elle ne terminera pas la phrase.

Émilie est allée passer trois mois à Gérone, en Espagne, principal port d'attache des cyclistes nord-américains. Elle s'est liée d'amitié avec plusieurs femmes de coureurs, a fait de la randonnée et a travaillé chez Pepsi, à Barcelone.

«Nous deux, on a des ambitions, glisse-t-elle. On s'épaule l'un l'autre. Ça fonctionne.» L'avenir ? «On essaie de ne pas voir la montagne. On sait qu'on veut être ensemble. On se marie [en août]. On va voir ce que la vie nous réserve. Une chose est certaine : je ne lui demanderai jamais d'arrêter le vélo.»

Émilie Coulombe est rentrée de Nice mercredi pour reprendre le travail. Son chum tenait à ce qu'elle soit avec lui pour le départ en Corse. Elle prévoit revenir à Paris le 21 juillet pour l'arrivée. S'il se rend jusque-là, lui fait-on remarquer. «Je lui fais confiance... »