Dominique Rollin est bien placé pour mesurer la valeur de la nomination de David Veilleux pour le prochain Tour de France. Membre de l'équipe française FDJ, le Bouchervillois de 30 ans en est à sa cinquième saison au plus haut niveau en Europe. Il a participé à quatre grands tours, deux en Italie et deux en Espagne, complétant le dernier Giro au 75e rang, le mois dernier.

«Génial», a réagi Rollin hier midi quand on lui a confirmé la sélection de Veilleux, avec qui il a partagé des entraînements l'hiver dernier à Gérone, en Espagne.

«Il a démontré cette semaine qu'il a le niveau et le potentiel pour faire un bon travail sur le Tour de France, a-t-il souligné. Le super Dauphiné qu'il vient de faire a vraiment porté ses fruits. Je suis vraiment content pour lui parce qu'il travaille fort depuis longtemps.»

Selon Rollin, accéder au Tour est encore plus difficile dans une formation française, où les places sont chèrement gagnées. «Je crois que c'est encore plus dur dans son équipe, vu que c'est le seul grand tour qu'ils font, a-t-il relevé.

«Déjà, faire son premier grand tour, que ce soit le Tour [de France] en plus, chapeau. Je lui souhaite de voir Paris.»

Le type de parcours, le profil d'un coureur, la façon dont il est perçu et la politique sont autant de facteurs aléatoires qui peuvent faire pencher la balance, a ajouté Rollin.

«Dans les équipes françaises, a-t-il noté, ça repose énormément sur tu t'entends bien avec qui. Ce sont des enfantillages, souvent. Tu t'entends mal avec un directeur sportif? Tu ne feras jamais le Tour. Des conneries comme ça arrivent très souvent. En plus, dans les équipes françaises, ils ont tendance à mettre des Français avant des étrangers. Il y a 30 gars qui se battent pour 9 places. Ils ont leurs chouchous, leurs préférés. C'est de jouer avec ça. Même si des fois, les sélections sont très ambigües. C'est dur de dire: tiens, ils ont pris le bon coureur ou non.»

Un rêve...

Rollin s'estime privilégié d'avoir pris part à quatre grands tours depuis 2009, dont le Giro et la Vuelta l'an dernier. Le Tour de France reste un rêve - «La question ne se pose pas» -, mais il sait que ce sera «difficile» dans une formation de l'Hexagone. Quand on lui demande si cela influencera ses projets professionnels, il tranche net: «Aucunement.» Sa priorité reste les classiques. Il est en négociations pour une prolongation de contrat avec FDJ, mais il refuse d'en dire davantage.

Rollin se concentre sur le 28e Tour de Beauce, qui s'amorce aujourd'hui à Lac-Etchemin. Il fera partie d'une équipe nationale gonflée avec la présence de Hugo Houle (AG2R La Mondiale), deuxième l'an dernier, Guillaume Boivin (Cannondale), qui visera les étapes, et Christian Meier (Orica GreenEdge), qui sort lui aussi du Giro. La présentation des championnats canadiens à Saint-Georges de Beauce, la semaine prochaine, explique cette représentation nationale exceptionnellement forte, qui sera dirigée par Gord Fraser.

«J'arrive déjà en bonne forme et j'aimerais faire une place sur le podium», a annoncé Rollin, sixième à sa dernière participation, en 2007. «J'arrive ici avec plus d'assurance, de connaissances, un meilleur contrôle et une meilleure lecture de la course. On verra le rôle que me donnera l'équipe et la façon dont la course se déroulera.

«Mais de la façon dont j'ai récupéré physiquement du Giro, je suis en position pour faire quelque chose au classement général.»