Il a fallu attendre le 100e Tour de France, mais le Québec aura finalement un représentant à cette célèbre course cycliste.

David Veilleux, 25 ans, de Cap-Rouge, en a reçu la confirmation lundi matin au Manoir des Essarts, en Vendée, siège de l'équipe Europcar. Elle est venue, sans chichi, de la bouche du grand patron, Jean-René Bernaudeau.

Ses premières émotions? «De la joie», a répondu Veilleux au téléphone plusieurs heures plus tard. «De la satisfaction, aussi. Après tous les efforts que j'ai mis là-dedans, je suis vraiment content d'être récompensé par cette participation-là.»

Comment a-t-il fêté la nouvelle? «Avec mon téléphone et mon ordinateur!» a pouffé celui qui a multiplié les entrevues avec le Québec depuis, au point de devoir couper court à cinq ou six appels pendant qu'il roulait en après-midi. Le coéquipier qui l'accompagnait à l'entraînement a été surpris d'apprendre que ce n'était pas le même journaliste qui insistait.

Né en 1903, le Tour de France a accueilli quelques Canadiens - Steve Bauer, maillot jaune en 1988 et 1990 étant le plus célèbre -, mais jamais aucun natif du Québec1. «Quand j'ai commencé le vélo de route, à l'âge de 15 ans, il n'y avait quasiment pas de coureurs professionnels chez nous, s'est souvenu Veilleux. [En cyclisme,] notre histoire est beaucoup moins importante que celle de l'Europe. Notre climat n'est tellement pas favorable, alors c'est normal que ce soit difficile.»

Belle marque de confiance, le Québécois a été l'un des quatre seuls coureurs confirmés chez Europcar, les autres étant les vétérans Thomas Voeckler et Pierre Rolland, ainsi que Cyril Gauthier. Pressenti l'an dernier, Veilleux a scellé sa place en remportant la première étape du Critérium du Dauphiné, le 2 juin, et en arborant le maillot jaune de leader pendant trois jours.

Si sa sélection est une réalisation en soi, il sait très bien que ce n'est qu'une «étape de franchie et que la plus grosse est à venir. Je ne veux pas arriver là en touriste non plus, a-t-il souligné. Je vais avoir un rôle à jouer. Il faut que je reste concentré et que j'arrive là-bas dans une forme optimale.»

Dès le départ, le 29 juin en Corse, il devra épauler Voeckler et Rolland, qui viseront respectivement des étapes et le classement général. Si l'occasion se présente et que les jambes et les circonstances le permettent, il se promet de tenter sa chance dans les échappées.

Le seul regret de Veilleux est de ne pas avoir été avec ses proches pour souligner sa sélection. Dans le court communiqué où il annonçait sa participation à la Grande Boucle, il a remercié sa fiancée Émilie, avec qui il se mariera en août.

«On s'est connus il y a neuf ans, a-t-il raconté, et elle m'a suivi à travers toutes ces années, quand je suis parti aux États-Unis, puis en Europe. Elle a accepté le fait que je ne sois pas là six mois par année. Je la considère dans toutes mes décisions et elle continue à m'épauler. Elle comprend mon rêve et elle est fière de moi. Elle est archi-importante dans tout ça.»

Émilie ira le visiter au cours de la première semaine. «Espérons qu'elle revienne pour la fin», a confié Veilleux. Prudent, il sait que rallier Paris le 21 juillet ne sera pas un objectif facile à atteindre. Les chutes, les blessures, les délais en haute montagne peuvent tout faire basculer.

«Physiquement, je sais que j'ai ce que ça prend pour faire trois semaines, mais il y a tellement de facteurs externes à considérer, a-t-il prévenu. La forme est excellente en ce moment. Il faut juste que je fasse attention de ne pas trop en faire et me brûler.»

L'épreuve des Boucles de la Mayenne, de jeudi à dimanche, sera sa dernière course préparatoire.

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1. Natif de Paris ayant immigré à Montréal, Pierre Gachon est le seul autre représentant de la province à s'être présenté sur la ligne de départ, en 1937. Lâché dès les premiers kilomètres, il a abandonné à la première étape.