Indifférent à la tourmente de neige, l'Italien Vincenzo Nibali a parachevé son triomphe dans le Giro, samedi, en remportant en solitaire la 20e et avant-dernière étape dans le décor grandiose des Trois Cimes de Lavaredo.

À peine visible à travers le brouillard neigeux qui enveloppait la cathédrale de pierres classée par l'UNESCO, Nibali a tenu à marquer le Giro de son empreinte, au lendemain de l'annulation de la 19e étape.

«Je voulais laisser un signe», a reconnu le Sicilien, assuré de la victoire finale dimanche à Brescia. «Je voulais combattre jusqu'au bout».

À 2304 mètres d'altitude, Nibali a précédé d'une vingtaine de secondes un trio de coureurs colombiens, transcendés par la présence du ministre des Sports de leur pays, Andres Botero. Sur la route très raide menant au refuge Auronzo (12 % pour les 4 derniers km), il a accéléré à quatre reprises au seuil des trois derniers kilomètres et a fini par décrocher tous ses adversaires.

Derrière lui, Rigoberto Uran, troisième de l'étape derrière Fabio Duarte, s'est assuré la deuxième place du classement général. L'Australien Cadel Evans, qui le devançait de 10 secondes au départ de Silandro, a lâché prise dans le final et a reculé d'un rang dans la hiérarchie.

Autre bénéficiaire du jour, Carlos Betancur (4e), bien que retardé par une crevaison puis un changement de vélo au pied de l'ascension vers les «Tre Cime», a récupéré le maillot blanc de meilleur jeune aux dépens du Polonais Rafal Majka, pourtant en bon rang (10e de l'étape).

La «chaleur» du public

Sous les trois pics rocheux, l'une des montagnes de légende de l'Italie, Nibali a ajouté son nom à une liste de vainqueurs ouverte par Felice Gimondi, un champion auquel la presse italienne l'a déjà comparé, en 1967. Cette année-là, l'étape annulée à cause de trop nombreuses irrégularités et de poussettes des spectateurs.

Les «tifosi», enthousiastes, sont encore venus en masse, samedi, malgré le mauvais temps dans ce site de haute altitude fréquenté par les alpinistes des Dolomies. Jusqu'à contraindre le maillot rose à écarter de la main deux d'entre eux, qui risquaient de le faire tomber. Mais, après l'arrivée, Nibali a remercié le public pour sa «chaleur».

«Par rapport à ce qui s'est passé hier (vendredi), je voulais aussi faire comprendre à tous ce qu'est vraiment le cyclisme», a glissé le Sicilien, par référence à l'annonce du nouveau contrôle antidopage positif, à l'EPO, de son compatriote Danilo Di Luca.

Transis à l'arrivée des 211 kilomètres, les rescapés du Giro ont trouvé refuge dans une tente chauffée. Ils en ont terminé avec la haute montagne, au programme profondément modifié dans cette 96e édition à cause du mauvais temps persistant.

Ils n'ont plus que 197 kilomètres à parcourir dans la plaine, entre Riese Pie X et Brescia, où un nouveau succès du Britannique Mark Cavendish est attendu, avant la fête italienne pour Nibali, devenu le héros du cyclisme de son pays.