Le docteur Eufemiano Fuentes, principal accusé dans le procès pour dopage Puerto, a clamé une dernière fois son innocence lors de la dernière audience, mardi à Madrid, affirmant qu'en «35 ans de carrière», il n'avait «jamais» porté atteinte à la santé de l'un de ses patients.

Après huit longues semaines de procès, le médecin canarien et quatre autres personnes -- sa soeur Yolanda, les ex-directeurs sportifs Saiz et Belda et le préparateur physique Labarta -- se sont ainsi assis une dernière fois sur le banc des accusés, en attendant un verdict qui ne devrait toutefois pas être prononcé avant «un mois ou un mois et demi», selon les précisions d'un porte-parole du tribunal.

Dans une dernière audience qui aura été consacrée aux plaidoiries de la défense, Fuentes, qui encourt deux ans de prison, tout comme les quatre autres accusés, a manifesté une dernière fois son innocence par rapport au «délit contre la santé publique» auquel il est confronté.

«Au cours de mes 35 ans de carrière médicale, je n'ai jamais porté atteinte à la santé de l'un de mes patients. Je n'ai pas non plus entendu parler de plaintes d'un de mes patients qui aurait fait état de possibles atteintes à sa santé», a-t-il expliqué, relativement serein.

«L'objectif que je poursuis comme médecin a toujours été de protéger la santé d'autrui, et non de la dégrader», a encore assuré le docteur canarien.

Auparavant, son avocat, Tomas Valdivielso, paradoxalement plus nerveux que son client, s'était déjà efforcé de démontrer la même chose.

«Le sang n'est pas un médicament»

«Il n'y a eu aucun préjudice pour la santé des sportifs. Même (l'ancien cycliste Jesus) Manzano n'a pu attester durant son témoignage d'aucune atteinte à sa santé. Il joue sur les mots et spécule sur des risques potentiels dans le futur», avait-il expliqué.

L'avocat de Fuentes a également vivement contesté la position des parties civiles dans le débat sur la prise en compte ou non du sang comme un médicament. Une réponse positive sur ce point pourrait en effet entraîner une condamnation de Fuentes pour délit contre la santé publique.

«Ma plus grande surprise a été d'entendre l'avocate générale demander une sentence exemplaire où le sang serait considéré comme un médicament, faisant abstraction de ce que dit la loi», a notamment affirmé Valdivielso.

Avant de conclure: «La loi espagnole même nous dit que le sang, le plasma et les cellules d'origine humaine ne sont pas un médicament».

De son côté, Ignacio Arroyo, l'avocat de Manuel Saiz, ancien directeur sportif de l'équipe cycliste Once/Liberty Seguros avait lui utilisé le même argument pour son client, s'appuyant par ailleurs sur l'exemple du directeur sportif danois Bjarne Riis pour demander l'acquittement de son client.

«Dans leurs dépositions, (Ivan) Basso et (Tyler) Hamilton (cyclistes italien et américain, ndlr) ont reconnu avoir été liés à Riis, pas à Manuel Saiz. Et la justice s'en est-elle prise à Riis? Non, que je sache. Je ne vois donc pas pourquoi Manolo Saiz devrait être inquiété», a défendu Arroyo.

Après huit semaines de débats qui ont mis à nu le système de dopage du docteur Fuentes, mais qui ont surtout déçu par leur pauvreté en matière de révélations sportives, le verdict est donc désormais entre les mains de la juge Julia Patrica Santamaria, celle-là même qui avait refusé de demander à Fuentes les noms de ses clients sportifs, jugeant que ce n'était pas l'objet du procès.

Au-delà du verdict pénal, la magistrate aura aussi à se prononcer dans cette même sentence sur un autre sujet: l'accès aux poches de sang demandé par les différentes autorités sportives - AMA, CONI et UCI. En 2006, 99 poches de plasma et 112 poches de sang avaient en effet été saisies dans deux domiciles madrilènes de Fuentes. Un recoupement avec l'ADN des sportifs soupçonnés permettrait à l'avenir de lever le voile sur l'identité de certains clients de Fuentes. À charge pour la juge de décider.