Lance Armstrong a perdu sa seule médaille olympique quelques heures avant que le public découvre enfin la teneur et l'ampleur de ses aveux de dopage, lors d'une confession télévisée dont la première partie doit être diffusée jeudi aux États-Unis.

Le Comité international olympique (CIO) a demandé jeudi à l'ancien cycliste Américain de rendre sa médaille de bronze du contre-la-montre des JO-2000.

C'est une autre ligne de son CV sportif qui disparaît, trois mois après la perte de son record de sept victoires consécutives au Tour de France (1999-2005) et sa radiation à vie.

Le CIO n'a pas précisé si cette médaille serait réattribuée au quatrième de l'épreuve, l'Espagnol Abraham Olano, ou si un blanc serait laissé dans le palmarès comme cela a été fait pour les sept Tours de France d'Armstrong.

Autre coïncidence: le Tour de France, l'épreuve autour de laquelle l'Américain a bâti sa carrière, présentait jeudi le départ de son parcours 2014, à Leeds, en Angleterre. Pour son directeur Christian Prudhomme, le Texan est tombé aux oubliettes: «Lance Armstrong, c'est déjà du passé», a-t-il dit.

Armstrong, 41 ans, est passé aux aveux face à la célèbre animatrice américaine Oprah Winfrey lundi dans un hôtel d'Austin (Texas), la ville où il réside, lors de l'enregistrement de leur face-à-face.

Oprah, dont beaucoup doutent qu'elle ait su pousser son invité dans ses retranchements, a confirmé cette confession sans entrer dans les détails.

Elle a seulement expliqué qu'un Armstrong «avenant» avait répondu aux questions que «les gens se posent à travers le monde» et s'est déclarée «surprise» par la manière dont l'ancien patron du peloton lui avait avoué son passé de drogué.

«Des larmes»

Selon le New York Times, Armstrong a «versé des larmes» durant l'entretien. Cependant, d'après le New York Daily News, le Texan ne s'est pas montré repentant, mais a concédé avoir tenté de dénigrer ceux qui refusaient de fermer les yeux.

L'entretien - son premier depuis qu'il a été rayé de la carte du cyclisme - a duré si longtemps (2 h 30) que la production a préféré le diffuser en deux parties, jeudi et vendredi à 21 h, sur la chaîne de l'animatrice (OWN) et son site internet (oprah.com).

Le public espère maintenant des explications sur ce que l'Agence antidopage américaine (Usada) a qualifié de «programme de dopage le plus sophistiqué de l'histoire du sport» mais l'ex-leader de l'US Postal ne devrait pas faire son grand déballage.

Il pourrait réserver ces détails aux autorités antidopage, en échange peut-être d'une réduction de la suspension à vie qui l'empêche de faire du sport de compétition, notamment du triathlon.

Risques de poursuites

L'Agence mondiale antidopage (AMA) a déjà fait savoir que des aveux télévisés ne suffiraient pas. Il lui faudra expliquer sous serment comment il a pu déjouer les contrôles aussi longtemps et avec quelles complicités.

Selon la presse américaine, le Texan serait notamment prêt à faire tomber avec lui l'ancien président de l'Union cycliste internationale (UCI), Hein Verbruggen, et son dirigeant actuel Pat McQuaid, ainsi que des dirigeants de l'US Postal. Mais pas des coureurs. Même s'il rappellera très probablement à Oprah Winfrey qu'il n'était pas le seul à se doper à cette époque.

En plus de sa confession, après quinze ans de farouches dénégations, les millions de malades du cancer et d'amoureux du cyclisme qui ont cru à son histoire aimeraient entendre l'idole déchue prononcer quelques mots d'excuse.

Avant d'enregistrer cette émission, Armstrong est allé demander pardon aux salariés de Livestrong, la fondation de lutte contre le cancer qu'il a créée en 1997, après avoir vaincu la maladie, mais avec laquelle il a dû couper les ponts cet automne alors que tous ses commanditaires se désolidarisaient de lui.

En fonction de la teneur de sa confession, Armstrong s'expose à des poursuites qui pourraient lui coûter cher.

Sommé de rendre ses primes de victoire et menacé de deux procès au civil pour des sommes qui au total dépasseraient 10 millions d'euros, l'Américain pourrait aussi être assailli par d'anciens parraineurs.

Mais des experts estiment qu'Armstrong, dont la fortune flirterait avec les 100 millions d'euros, a peut-être déjà conclu des accords à l'amiable, notamment avec le gouvernement américain, pour éviter des poursuites pénales.