La réunion de l'Agence mondiale antidopage (AMA) s'annonce glaciale ce week-end à Montréal après la chute de Lance Armstrong, qui a ravivé les tensions entre l'AMA et l'Union cycliste internationale (UCI), réunies autour de la même table.

Entre l'AMA et l'UCI, les relations furent souvent houleuses, surtout à l'époque où le Canadien Dick Pound dirigeait la première et le Néerlandais Hein Verbruggen la seconde.

Mais le ton s'était adouci ces dernières années au point de voir l'AMA souligner les efforts entrepris par le cyclisme pour faire le ménage dans le peloton.

Et si l'actuel président de l'UCI, Pat McQuaid, pouvait apprécier de voir son sport citer en exemple lors des dernières réunions de l'AMA, notamment pour avoir été le premier sport à instaurer le passeport biologique, l'Irlandais doit se préparer à sortir son bouclier pour le comité exécutif samedi à huis clos et le conseil de fondation dimanche - les deux instances de l'AMA où il siège en tant que président de l'association des fédérations de sports olympiques d'été.

L'UCI est prise dans la tempête depuis que l'Agence antidopage américaine (USADA) a dépeint dans un rapport cinglant comment Armstrong avait pu faire sa loi sur le Tour de France à coup d'EPO et de transfusions sanguines, avec la complaisance voire la protection de la Fédération internationale cycliste.

Non, l'UCI n'a jamais couvert Armstrong, a clamé haut et fort Pat McQuaid, après avoir rayé d'un trait l'essentiel du palmarès de l'Américain. Pas plus que sa fédération, l'AMA ou l'USADA n'ont réussi à confondre l'Américain par un contrôle antidopage positif durant sa carrière, a-t-il fait valoir, signe des limites scientifiques des tests de détection de l'époque.

Flèches

Plusieurs anciens coureurs, dont Greg LeMond, ont demandé la démission de l'Irlandais, arrivé à la tête de l'UCI quelques mois après la septième victoire du Texan dans le Tour, et surtout de son prédécesseur, Hein Verbruggen, qui siège encore au comité directeur de l'UCI comme président d'honneur.

De manière plus diplomatique, la direction de l'AMA a adressé ses propres flèches.

«C'était une période durant laquelle la culture du cyclisme était que tout le monde se dope. Il n'y a aucun doute là-dessus. Les dirigeants doivent prendre une partie de leurs responsabilités pour cela», a ainsi avancé le président de l'AMA, l'Australien John Fahey, sans remettre en cause sa propre institution qui n'a joué aucun rôle dans la chute de l'Américain.

Son prédécesseur, Dick Pound, toujours très influent, a pointé que l'UCI n'était «pas crédible» quand elle dit qu'elle ne savait pas ce qu'il se passait à l'époque d'Armstrong. Aussi le directeur général de l'Agence, David Howman, attend que l'UCI fasse son introspection.

Pat McQuaid a promis une commission indépendante pour juger du rôle joué par la direction de l'UCI dans le scandale. Mais pour monter cette commission, la fédération s'est bien gardée de faire appel à l'AMA... et a préféré prendre conseil auprès du grand patron du Tribunal arbitral du sport (TAS), l'Australien John Coates.