Redevenu conquérant, Philippe Gilbert s'est emparé du maillot arc-en-ciel de champion du monde, dimanche, sur le circuit néerlandais de Valkenburg, où le Belge a justifié son statut de favori.

Parfait connaisseur du Cauberg, la colline qui sert de théâtre chaque année à l'Amstel Gold Race, le Wallon a placé une attaque imparable dans le final. «A 2,2 kilomètres de l'arrivée», a-t-il pris soin de préciser ensuite, en homme qui a gagné à deux reprises la classique néerlandaise (2010 et 2011) grâce à un punch dévastateur dans les côtes.

Nul n'a pu le suivre dans la conclusion d'une course que l'Espagnol Alberto Contador avait tenté de dynamiter à cinq tours de l'arrivée, avec l'aide de l'équipe de France travaillant pour Thomas Voeckler.

Derrière le Belge de 30 ans, dont le démarrage en force a enthousiasmé le public, le Russe Alexandr Kolobnev a plafonné et le Norvégien Edvald Boasson Hagen («j'étais mal placé», a-t-il regretté) a réagi avec un temps de retard.

«Au sommet, Gilbert avait creusé un tel écart qu'on savait que c'était pour lui», a reconnu Alejandro Valverde qui s'est concentré dès lors sur une médaille. L'Espagnol, qui n'a jamais revêtu le maillot irisé, est monté une nouvelle fois (la 4e !) sur le podium, derrière Boasson Hagen qui s'est adjugé la deuxième place au terme des 267 kilomètres.

«C'était le Gilbert 2011», a souligné Voeckler, sans avoir besoin de rappeler l'exceptionnelle saison du Belge irrésistible tout au long de l'année dernière. Entre autres dans le final des classiques, sauf au Championnat du monde disputé sur un parcours outrancièrement favorables aux sprinteurs et gagné par le Britannique Mark Cavendish.

«Je n'étais pas à la hauteur»

Cette fois, sous le ciel bas et gris du Limbourg néerlandais, «Cav» a arrêté peu après la mi-course, imité ensuite par le vainqueur du Tour, son compatriote Bradley Wiggins. D'autres routiers-sprinteurs, au registre plus complet, ont pu espérer réussir mais ils se sont disputés seulement les accessits (Degenkolb 4e, Freire 10e, P. Sagan 14e) dès lors que Gilbert avait retrouvé son meilleur niveau après une première partie de saison très difficile.

«Je n'étais pas à la hauteur» cette saison, a reconnu le Liégeois qui a remercié son équipe de marque (BMC) dont il était le renfort le plus coûteux à l'intersaison: «Ils m'ont laissé le temps, ils m'ont toujours fait confiance et ça m'a permis de redresser la barre après une longue bataille.»

«Je sortais de trois superbes saisons et il y a eu trois mois où j'étais un peu moins (bien). Sur l'ensemble de ma carrière, je ne vais pas me plaindre», a souri Gilbert. Jusqu'à présent, il n'avait pas connu de réussite au Mondial qu'il disputait pour la dixième fois. Avec, pour meilleur résultat, une sixième place à Mendrisio-2009.

La récente Vuelta, où il avait gagné deux étapes, avait conforté les ambitions du Belge, qui partageait les responsabilités avec Tom Boonen (12e sur la ligne). Il savait qu'il devait jouer son va-tout dans le Cauberg, la seule réelle difficulté du parcours. Pour enlever la 65e victoire de sa carrière et donner à la Belgique sa 26e victoire dans la seule course de l'année courue par sélections nationales, sept ans après le succès de Tom Boonen à Madrid.