Un mois seulement après son retour de suspension pour dopage, l'Espagnol Alberto Contador (Saxo-Bank) a renoué dimanche avec la victoire en remportant le Tour d'Espagne 2012, à l'issue de la 21e et dernière étape entre Cercedilla et Madrid (115 km).

Contador, 29 ans, qui avait été puni d'une suspension de deux ans en partie rétroactive pour un contrôle antidopage positif au clenbutérol sur le Tour de France 2010, était écarté de toute compétition depuis février dernier.

À peine de retour, le double vainqueur du Tour de France (2007 et 2009) regarnit ainsi un palmarès qui s'était vu amputé du Tour de France 2010 et du Giro 2011 pour ce contrôle positif.

«Compte tenu de la situation qui était la mienne, venant d'une longue période d'inactivité, cette victoire a une saveur très spéciale pour moi», expliquait Contador immédiatement après son sacre.

«Souvent, les gens pensent que c'est facile de gagner, mais non, ça ne l'est pas. Je dédie cette victoire aux gens qui sont passés par de bons, mais aussi de mauvais moments. Ce sont eux qui ont été mon moteur sur cette Vuelta», poursuivait le coureur de Saxo-Bank dans une allusion à sa suspension, qu'il a toujours considérée comme injuste.

Dans l'affaire du clenbutérol, Contador n'avait en effet eu de cesse de clamer son innocence, avançant une hypothèse un rien rocambolesque d'un steak de veau contaminé.

Mais l'Espagnol, plutôt que de remuer le passé, préférait savourer dimanche sa deuxième victoire sur la Vuelta, après celle de 2008.

Quant à l'étape du jour, elle est à nouveau tombée dans l'escarcelle de l'Allemand John Degenkolb (Argos-Shimano). Le jeune sprinteur de 23 ans s'est ainsi adjugé un cinquième succès sur cette édition, comme Petacchi en 2005.

Sur le faux-plat montant de la promenade du Prado, le puissant Allemand a réglé le sprint du peloton devant les Italiens Viviani (Liquigas) et Bennati (RadioShack).

«Je suis incroyablement heureux. Je crois que je suis le premier Allemand à remporter cinq étapes sur la Vuelta», se réjouissait Degenkolb à l'arrivée.

«Maintenant, je vais disputer le Grand Prix d'Isberges et les Mondiaux à Valkenburg. Et l'année prochaine, j'espère pouvoir franchir le cap et disputer le Tour de France. À l'équipe et à moi, il ne nous manque plus grand-chose pour cela», se projetait-il.

La Vuelta 2012, caractérisée par un tracé particulièrement montagneux, a non seulement consacré Contador pour son retour à la compétition, mais le cyclisme espagnol en général, qui aura donc de nombreuses options sur les prochains Mondiaux de Valkenburg, fin septembre.

Trois coureurs ibériques occupent ainsi les trois premières places, car derrière Contador, Alejandro Valverde (Movistar) et Joaquim Rodriguez (Katusha), respectivement à 1 minute 16 secondes et 1 min 37 sec du coureur de Pinto, complètent le podium.

Hommage à Moncoutié

Pour aller chercher sa Vuelta, Contador a en effet dû prendre des risques face à un Joaquim Rodriguez impeccable dans la défense de son maillot rouge jusqu'à la 17e étape.

Le tournant de cette Vuelta restera ainsi cette étape de Fuente Dé, en Cantabrie, où Contador s'est lancé dans une odyssée «à l'ancienne» qui aura finalement fait plier Rodriguez.

Au final, «Purito» Rodriguez, qui a porté le maillot rouge durant deux semaines, n'a pas été payé de ses efforts: après avoir dû céder sa première place au général à Contador, le petit grimpeur catalan a aussi été dépossédé sur le fil de son maillot vert par son compatriote Alejandro Valverde, 6e du sprint du jour.

Beau joueur, le leader de Katusha se déclarait toutefois battu par plus fort que lui: «Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir. Il y a des fois où ça ne marche pas comme on veut. Mais ça ne veut pas dire que je m'arrêterai de chercher ce succès qui me manque dans un grand tour», concluait celui qui a aussi fini 2e du Giro cette année.

Le maillot de la montagne, après avoir été enlevé 4 fois de suite par le Français Moncoutié (Cofidis), termine cette année sur les épaules du jeune Australien Simon Clarke, belle découverte de cette Vuelta.

À l'entrée dans Madrid, le peloton a d'ailleurs laissé Moncoutié (Cofidis) et le Néerlandais Niermann (Rabobank) prendre quelques longueurs d'avance, une forme d'hommage à ces deux coureurs qui prendront leur retraite à la fin de la saison.