Dans l'avion nolisé en partance de l'aéroport Charles-de-Gaulle de Paris, Thomas Voeckler a fait une revue rapide des effectifs en prévision du Grand Prix cycliste de Québec. Parmi les 140 cyclistes à bord, le célèbre coureur français a rapidement déterminé son favori pour l'épreuve du circuit World Tour de vendredi: le Slovaque Peter Sagan.

«À mon avis, il fait vraiment figure d'épouvantail», a dit Voeckler, meilleur grimpeur au Tour de France, quelques minutes après le débarquement à l'aéroport international Jean-Lesage de Québec, hier après-midi.

À première vue, avec sa tête d'écolier, Sagan n'a pas l'air effrayant. Mais tracez une ligne d'arrivée au bout d'une montée courte, et rares sont ceux qui se mettront dans son chemin. Le coureur de 22 ans l'a bien démontré au Tour, où il a gagné trois étapes, parfois avec une facilité déconcertante - au point où il s'est permis une fois d'imiter Forrest Gump courant sur son vélo.

Sagan jure qu'il n'a pas préparé de célébrations particulières pour la Grande Allée, où l'attend un final en faux plat montant qui lui va à ravir. «D'abord, je dois gagner», a précisé le porte-couleur de l'équipe Liquigas-Cannondale.

«Le parcours me convient»

À sa première présence au Québec, il y a deux ans, Sagan figurait déjà parmi les prétendants. Il avait d'ailleurs terminé deuxième du Grand Prix de Montréal, qui se déroulera de nouveau sur le mont Royal dimanche.

«Le parcours me convient, mais cela dépendra comment je me sens», a prudemment indiqué le maillot vert de meilleur sprinter au Tour de France. «Ç'a été difficile de garder ma condition après le Tour de France. J'espère bien me sentir et faire une bonne préparation pour les championnats du monde.»

Aux yeux de Peter Sagan, Voeckler sera à surveiller, mais surtout Edvald Boasson Hagen, qui s'amène au Québec fort de sa victoire solo au Grand Prix de Plouay, dernière course du circuit World Tour, présentée en France il y a 10 jours. Le Norvégien de la puissante Team Sky, inscrit de dernière minute aux épreuves canadiennes, avait fini deuxième derrière Voeckler à Québec en 2010.

Sur un parcours plus exigeant que celui de Plouay, Boasson Hagen espère «ne pas gaspiller d'énergie et essayer de rester devant le plus possible». «C'est un long voyage, mais c'est la même chose pour tout le monde», a souligné le vainqueur de deux étapes au Tour de 2011. «Je me sens bien et j'espère que ça restera comme ça cette semaine.»

Seules épreuves du World Tour disputées en Amérique, les Grands Prix de Québec et de Montréal sont les 25e et 26e épreuves sur 28 (le Tour d'Espagne se déroule simultanément). Les 18 formations licenciées Pro Tour sont tenues d'y participer. S'y ajoutent quatre équipes invitées par l'organisateur, soit les françaises Cofidis et Europcar, de même que la canadienne SpiderTech-C10 et une équipe nationale canadienne (cette dernière est inscrite seulement à Québec).

Si les inévitables retraits de dernière minute ont fait les manchettes - Cadel Evans a mis un terme à sa saison et Andy Schleck prévoit plutôt reprendre la semaine prochaine en France -, le peloton de plus de 170 coureurs sera encore une fois d'une grande qualité.

Les deux courses marqueront le retour à la compétition de Ryder Hesjedal, invisible depuis les Jeux olympiques de Londres, à la fin du mois de juillet. Le gagnant du dernier Giro, premier Canadien à réaliser un tel exploit, a été contraint à l'abandon au Tour de France à la suite d'une chute. Hesjedal ne sera pas seul. Un trio de trois coureurs québécois pourrait se démarquer. David Veilleux sort d'une victoire importante en Italie, les Trois Vallées Varésines, épreuve sanctionnée 1.HC, soit un cran sous le World Tour.

Voeckler a souligné que son coéquipier de Cap-Rouge avait «franchi un sacré palier» et fera partie des coureurs protégés au Canada. «Il a gagné l'une des plus belles courses italiennes, a dit Voeckler. Donc, il est clair qu'il devient un des piliers de l'équipe. Ce n'est plus un coureur qui est là pour aider les autres.»

Quatrième aux Trois Vallées, François Parisien, de Repentigny, a aussi brillamment rebondi après avoir raté presque toute la saison en raison d'une blessure chronique à un genou. Guillaume Boivin, son coéquipier chez SpiderTech, arrive au Québec sur un élan, après un impressionnant top 10 à la classique World Ports, nouvelle compétition belgo-néerlandaise qui réunit le gratin du sprint mondial.

La semaine cycliste s'ouvrira demain après-midi à Québec avec la deuxième présentation du Challenge Sprint Pro, un nouveau format de compétition mis à l'essai.