L'Agence américaine antidopage (USADA) a frappé un grand coup, hier, en annonçant la radiation à vie de Lance Armstrong du cyclisme professionnel et le retrait de ses sept victoires du Tour de France. La sanction, qui fait suite à la décision du Texan de mettre fin à son bras de fer procédural, doit encore être entérinée par l'Union cycliste internationale. Elle a néanmoins déclenché une véritable avalanche de réactions aux quatre coins du monde.

L'onde de choc a débuté tard, jeudi soir, lorsque le président de l'USADA, Travis Tygart, a dévoilé les mesures disciplinaires dans un communiqué. Au terme de nombreux entretiens, analyses et voyages, il a accusé Armstrong d'avoir eu recours à de l'EPO, à des stéroïdes, ainsi qu'à des transfusions sanguines à partir de 1996.

L'UCI en attente

Celui dont la juridiction se limite au territoire américain a immédiatement demandé à l'Union cycliste internationale (UCI) de lui emboîter le pas en tant que signataire du Code mondial antidopage. Or, l'UCI, qui a auparavant pris la défense d'Armstrong, souhaite prendre connaissance de toutes les preuves avant de rayer ou non 14 ans de carrière du coureur.

«En l'absence d'audience, l'organisation antidopage responsable de la gestion des résultats doit remettre aux parties concernées une décision motivée expliquant les mesures prises.D'ici à ce que l'USADA transmette sa décision, l'UCI ne se livrera à aucun autre commentaire», peut-on lire sur le site officiel de la Fédération internationale, située en Suisse.

Les organisateurs du Tour de France ont adopté cette même position d'attente avant de trancher.

Pas un aveu

Selon Armstrong, cet abandon du processus judiciaire n'est pas un aveu de culpabilité, mais bien une volonté de ne pas accabler sa famille après «une chasse aux sorcières» de plusieurs années.

En entrevue avec l'Associated Press, le président de l'Agence mondiale antidopage (AMA), John Fahey, a offert une interprétation diamétralement opposée. Tout en regrettant que l'ancien coureur de l'US Postal et de RadioShack ne soit pas entendu en audience publique, il juge que ce retrait est lourd de sens. «Il avait le droit de contester les accusations et il a choisi de ne pas le faire. Son refus d'examiner les preuves signifie que les accusations étaient fondées.»

Réunie en Espagne dans le cadre de la Vuelta, une grande majorité du peloton s'est montrée particulièrement avare de commentaires malgré la réputation sulfureuse d'Armstrong. Le malaise était tout de même palpable au terme de la septième étape. «Devrais-je dire ce que je pense réellement ou seulement ce que je peux officiellement déclarer?», a même indiqué un coureur sous le couvert de l'anonymat, au site velonews.com.

L'une des plus importantes figures à avoir réagi est Alberto Contador, lui-même déchu d'une victoire au Tour, en 2010, en raison d'un contrôle positif. «Je pense qu'il était un cycliste qui a toujours démontré une grande force, une grande intelligence de la course et une spectaculaire forme physique», a dit l'ancien coéquipier d'Armstrong en ajoutant ne rien savoir sur cette affaire.

Entre accusations et soutien

Filippo Simeoni, ancien adversaire d'Armstrong sur la route et lors du procès Michele Ferrari - médecin accusé d'avoir fourni des produits dopants -, se retrouve à l'autre bout du spectre. «Cette décennie-là n'a été qu'un gros mensonge. Quelqu'un comme lui, avec sa gloire, sa popularité et ses millions, devrait se battre jusqu'à la fin pour prouver son innocence», a déclaré l'ancien champion italien à l'Associated Press.

Dans tout ce tremblement de terre, Armstrong va, au moins, pouvoir faire le tri entre ses alliés et ses ennemis. Ancien directeur sportif de l'US Postal, le Belge Johan Bruyneel est l'un des plus fervents défenseurs du Texan de 40 ans. Il s'est dit extrêmement déçu pour son ami qui n'a jamais reculé devant l'adversité. «De toute sa vie, Lance ne s'est jamais retiré d'un combat équitable, c'est pourquoi sa décision, aujourd'hui, souligne à quel point il s'agit d'une procédure injuste.»

Armstrong a également reçu le soutien de l'équipementier Nike avec lequel il est associé depuis le milieu des années 90. Un porte-parole de l'entreprise américaine s'est dit triste de la sanction, mais reste persuadé de l'innocence de celui qui a vaincu un cancer des testicules, en 1996.

«Lance a clamé son innocence et n'a jamais changé de position. Nike prévoit continuer à soutenir Lance et la Fondation Lance Armstrong, créée par Lance pour aider les personnes ayant survécu à un cancer.»

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À qui le titre?

Le retrait des titres de Lance Armstrong remet en cause le palmarès de plusieurs courses qu'il a gagnées. Or, à une exception près (Andreas Klöden au TDF en 2004), tous ceux qui ont terminé au deuxième rang lors de ces compétitions ont été éclaboussés par des allégations de dopage, à un moment ou à un autre.

Tour de France 1999: Alex Zülle (SUI)

Tour de France 2000: Jan Ullrich (GER)

Tour de Suisse 2001: Gilberto Simoni (ITA)

Tour de France 2001: Jan Ullrich (GER)

Critérium du Dauphiné 2002: Floyd Landis (USA)

Tour de France 2002: Joseba Beloki (ESP)

Critérium du Dauphiné 2003: Iban Mayo (ESP)

Tour de France 2003: Jan Ullrich (GER)

Tour de France 2005: Ivan Basso (ITA)

Son palmarès

Victoires dans les courses par étapes:

Tour de France 1999 à 2005

Tour de Suisse 2001

Dauphiné libéré 2002 et 2003

Tour du Luxembourg 1998, Midi Libre 2002

Tour de France

13 participations, 7 victoires, 22 victoires d'étape individuelles.

Victoires dans les courses d'un jour:

Championnat du monde 1993 (à Oslo)

Championnat des États-Unis 1993

Clasica San Sebastian 1995, Flèche Wallonne 1996

- Source: Agence France-Presse