L'Agence américaine antidopage (USADA) a reçu le feu vert d'un comité d'experts indépendants pour mettre officiellement en accusation le septuple vainqueur du Tour de France Lance Armstrong, accusé de s'être dopé durant l'essentiel de sa carrière.

L'USADA a indiqué vendredi par communiqué que le comité formé de trois experts indépendants («anti-doping review board») a «unanimement» recommandé la poursuite de la procédure ouverte contre Armstrong et cinq autres collaborateurs, dont son ancien directeur sportif belge Johan Bruyneel - actuellement chez RadioShack - et son ex-préparateur italien Michele Ferrari.

Le dossier Armstrong entre maintenant dans une procédure dite de «jugement», au terme de laquelle l'Américain pourrait perdre ses titres au Tour de France et être «radié à vie» du monde sportif, au sens du Code mondial antidopage.

«Tous les accusés auront l'occasion d'exercer leur droit à une audition publique, où toutes les preuves seront présentées et les témoignages se feront sous serment, et un panel d'arbitres indépendants rendra ensuite un verdict», a expliqué l'USADA, qui accuse l'Américain de s'être dopé dès 1996 et jusqu'en 2011.

Si les choses se déroulent normalement, Armstrong sera entendu d'ici le 22 novembre par une commission d'arbitrage (en général trois membres), selon l'USADA.

Le verdict sera susceptible d'appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), à Lausanne (Suisse).

L'USADA avait ouvert à la mi-juin une procédure contre Armstrong et l'avait présentée comme «la première étape d'une procédure légale qui en compte plusieurs pour violations présumées des règles antidopage en sport».

Privé de triathlon

Le Texan de 40 ans est accusé par la justice sportive d'avoir eu recours à l'EPO, aux transfusions sanguines, à la testostérone, à la cortisone et à l'hormone de croissance, et d'avoir aussi poussé d'autres coureurs au dopage.

Malgré les nombreuses accusations qui ont émaillé sa carrière, notamment émises publiquement par ses anciens coéquipiers Floyd Landis et Tyler Hamilton, des anciens dopés, Armstrong n'a jamais été convaincu de dopage.

À la suite des aveux de Landis, le vainqueur déchu du Tour de France 2006, la justice fédérale américaine avait bien lancé une vaste enquête au printemps 2010, sous la houlette de l'agent Jeff Novitzky, qui avait notamment fait tomber la reine du sprint Marion Jones. Mais l'enquête avait été abandonnée en février.

À cause de cette procédure, le Texan, retraité des pelotons, ne peut plus participer à des courses de triathlon, son nouveau sport.

Armstrong, qui avait parlé d'accusations «sans fondement» au moment de l'ouverture de la procédure de l'USADA et avait demandé dans une lettre au comité d'experts l'abandon des accusations, n'a pas réagi vendredi.

Quelques heures avant l'annonce de sa mise en accusation formelle, le Texan avait inclus dans un message sur Twitter un lien vers un article expliquant que l'un des trois membres du comité d'experts, Clark Calvin Griffith, était sous le coup d'une accusation d'attentat à la pudeur. «Wow. L'USADA sait bien les choisir», a commenté Armstrong sur Twitter.

«Je refuse de me laisser distraire par les vieilles histoires ridicules de l'USADA. On est en 2012, je vais continuer à diriger Livestrong (sa fondation), élever mes cinq enfants et rester en forme !», a-t-il ajouté quelques heures plus tard.