Vainqueur du Tour de France 1997, l'Allemand Jan Ullrich a été rattrapé par la justice sportive cinq ans après la fin de sa carrière pour «une infraction de dopage» dans le cadre de l'affaire Puerto et suspendu pour deux ans, jeudi par le Tribunal arbitral du sport (TAS).

Retiré des pelotons depuis février (BIEN février) 2007, Jan Ullrich, 38 ans, a été suspendu pour deux ans avec effet rétroactif débutant le 22 août 2011, alors que tous ses résultats obtenus après le 1er mai 2005 ont été annulés.

«La formation arbitrale a retenu la date du 1er mai 2005 car il est établi que le coureur était pleinement impliqué dans le programme de dopage du Dr Fuentes au moins à partir de cette date», a indiqué le TAS.

Le Dr Eufemiano Fuentes se trouvait au centre d'un réseau de dopage sanguin mis à jour en Espagne (affaire Puerto). Lors d'une opération menée par la police espagnole au printemps 2006, du sang authentifié comme étant celui de Jan Ullrich avait été saisi dans l'officine du sulfureux médecin.

La police criminelle allemande avait établi en 2009 que Jan Ullrich avait consulté le Dr Fuentes à 24 reprises entre 2003 et 2006. Mais jusque-là, Ullrich était parvenu à échapper à une sanction disciplinaire en lien avec cette affaire au contraire d'autres coureurs de sa génération, tels que l'Espagnol Alejandro Valverde ou l'Italien Ivan Basso.

Même si Jan Ullrich, éclaboussé par le scandale, a été poussé à la retraite en 2007, ni l'Agence antidopage suisse, pays où il était licencié à l'époque de «Puerto», ni l'UCI (Union cycliste internationale) n'ont renoncé à le voir condamner.

Il n'a jamais avoué

L'Agence antidopage suisse s'était tournée en mai 2009 vers le Comité olympique suisse (COS) réclamant que le coureur soit suspendu à vie de toute compétition.

Demande rejetée par la chambre arbitrale du COS, qui s'estimait incompétente puisque le coureur avait alors résilié sa licence.

L'UCI et l'Agence suisse avaient alors interjeté appel devant le TAS. Dans une première décision fin novembre, la formation arbitrale avait précisé qu'elle n'était compétente que pour le premier de ces appels et avait repoussé la décision finale en ce début d'année 2012.

Cette décision du TAS écorne le palmarès de Jan Ullrich. Entre le 1er mai 2005 et la fin de sa carrière, le coureur allemand avait obtenu quelques résultats significatifs dont il perd le bénéfice, notamment une troisième place dans le Tour de France 2005, remporté par Lance Armstrong devant Ivan Basso, d'une victoire d'étape dans le Tour d'Italie 2006, et de la victoire finale dans le Tour de Suisse 2006, qui revient de facto à l'Espagnol Koldo Gil.

Le Tour de Suisse 2006 marqua d'ailleurs la dernière sortie victorieuse de Jan Ullrich, exclu du Tour de France avant même le départ de la première étape à Strasbourg. Quelques semaines plus tard, fin juillet 2006, il était licencié par l'équipe T-Mobile.

Retiré en Suisse, où il enfourche le vélo occasionnellement (il a participé l'an passé à une cyclo-sportive en Autriche), Ullrich n'a jamais reconnu s'être dopé, mais son ancien directeur sportif et confident, Rudy Pevenage avait avoué en juillet 2010 avoir organisé les voyages de son protégé chez le Dr Fuentes.

«À quoi ça servirait aujourd'hui de continuer à mentir?», s'interrogeait alors Rudy Pevenage.