Maux de genou, commotion, bronchite... La saison 2011 se résume en une série de malchances pour Guillaume Boivin. Le cycliste de Longueuil espère faire tourner le vent aux Championnats du monde de Copenhague.

Il y a un peu moins d'un an, Guillaume Boivin a frappé un grand coup en remportant la médaille de bronze à la course sur route des moins de 23 ans aux Championnats du monde de Melbourne.

En principe, le cycliste de Longueuil devrait être le grand favori pour la même épreuve, demain, à Copenhague. Le parcours danois convient parfaitement à un sprinter comme lui. L'arrivée, jugée au bout d'un faux plat montant, est d'ailleurs similaire à ce qu'il a connu en Australie. Et Boivin est le seul médaillé de l'an dernier qui n'a pas changé de catégorie.

Mais voilà, les choses s'annoncent plus complexes.

Boivin s'amène au Danemark avec seulement une dizaine de jours de course au compteur. Il a raté la première moitié de l'année pour soigner une blessure à un genou qui s'était déjà manifestée en 2010. Peu après son retour, début juillet, il a subi une commotion cérébrale après avoir fait la culbute aux Mardis de Lachine. Cette malchance l'a éloigné de son vélo deux semaines de plus.

En août, il a enfin pu reprendre son élan en participant à des courses en Europe avec son équipe SpiderTech-C10. Jusqu'à ce qu'une bronchite le stoppe net après deux étapes au Tour de l'Avenir... Retour imprévu à la maison, antibiotiques et repos.

Quand il a répondu au téléphone lundi, à quelques heures de son départ pour le Danemark, Boivin se disait raisonnablement encouragé. Malgré une légère toux et de la congestion, le pire de la bronchite était passé. Son genou ne le fait plus souffrir et ses dernières sorties d'entraînement se sont très bien déroulées.

«J'ai été capable d'atteindre mes meilleures valeurs de puissance à vie, a-t-il noté. On va voir si le manque de courses va me nuire. En même temps, je suis chanceux d'être encore chez les moins de 23 ans. La course est de seulement 170 kilomètres comparativement à 260 chez les pros. Je suis quand même confiant.»

«J'ai faim»

Si Boivin refuse de s'imposer une pression indue, il n'a en effet rien perdu de sa belle assurance. Il fait remarquer en riant que 2011 est la seule année de sa jeune carrière où il n'a pas signé une seule victoire. Un supplice pour un sprinter. «C'est sûr que j'ai faim et je m'en vais là avec l'objectif de gagner même si je serai le seul Canadien au départ.»

C'est là l'autre difficulté majeure à laquelle le Québécois fera face.

Contrairement à l'an dernier, où il était appuyé par des coéquipiers de luxe comme David Boily, Arnaud Papillon et Hugo Houle, Boivin sera seul pour se dépêtrer dans la capitale danoise.

Les espoirs canadiens ont été pratiquement absents sur le circuit continental America Tour, qualificatif pour les Mondiaux. Le Canada a décroché son unique place grâce à des points obtenus sur le circuit de la Coupe des nations moins de 23 ans, au même titre que... l'Éthiopie, l'Iran et l'Ouzbékistan, a rapporté un récent communiqué de l'UCI.

«C'est sûr que ça risque d'être un peu difficile de se placer dans le final», a reconnu Boivin. Sur un parcours «usant», sinueux et truffé de relances, il espère une course «la plus dure possible», qui favorisera l'élimination d'un maximum de rivaux pour le sprint.

Boivin s'est spécialement préparé à cette arrivée en faisant du derrière-moto sur le faux plat de la montée Camilien-Houde. Son coéquipier Martin Gilbert lui a prêté main-forte à une occasion, ce qui «valait de l'or».

Aux yeux de Boivin, les Australiens et les sprinters français représenteront la principale menace. Lui cherchera à se faire oublier: «Je vais jouer ça low profile et essayer d'être un peu ratoureux...»