On attend 100 000 spectateurs aux abords du tracé du Grand Prix cycliste de Montréal, dimanche, au mont-Royal. Plusieurs d'entre eux assisteront sans doute pour la première fois à du vélo de compétition d'aussi haut niveau.

À son arrivée en train à Montréal, samedi, le coureur québécois Dominique Rollin a joué à merveille le rôle de guide touristique auprès des néophytes qui ne savent pas trop où se placer le long du parcours de 12,1 km, que les Philippe Gilbert, Robert Gesink, Ryder Hesjedal et compagnie emprunteront 17 fois.

«Il y a plusieurs points stratégiques où on peut se placer», a indiqué Rollin, qui s'alignera avec l'équipe FDJ et sera l'un des quatre Québécois inscrits avec David Veilleux (Europcar) ainsi que les coureurs de l'équipe canadienne Spidertech François Parisien et Martin Gilbert.

«Il y a évidemment le point de départ-arrivée, où il y aura des écrans géants. On peut donc suivre la course au grand complet et il y a de l'animation», a commencé par énumérer Rollin.

«Sinon, il y a la côte Camilien-Houde. C'est sûr qu'il y aura au moins 50 000 personnes à cet endroit. Il va donc y avoir de l'ambiance, et on peut voir à quelle vitesse les coureurs passent dans l'ascension.

«Un des endroits un peu moins connus est la côte de la Polytechnique, a ajouté Rollin. Il y a un peu moins de monde, mais c'est quand même une ascension assez difficile où, étant donné que c'est en ligne droite, tu peux voir les coureurs arriver.

«Et c'est peut-être là que le coup gagnant va partir... Après la dure ascension de Camilien-Houde, parfois, les jambes peuvent te lâcher et il arrive que la course se décide là.

«Et sur Côte-des-Neiges, on peut voir les coureurs descendre et passer à 60-70 km/h dans les virages, c'est assez impressionnant.»

Pas l'Alpe d'Huez, mais...

La montée Camilien-Houde n'est pas, en soi, une montée digne de l'Alpe d'Huez, comme c'est le cas au Tour de France. Mais le fait que les coureurs doivent y passer 17 fois, et que la ligne d'arrivée se trouve plusieurs kilomètres plus loin, leur rend la tâche très difficile.

«C'est vrai que si on la fait une seule fois, ce n'est pas grand-chose, a souligné Rollin. C'est une ascension qui, pour nous, prend environ quatre minutes. Mais la répétition, le faire 17 fois, ça s'approche (d'une montée dans les Alpes). Au total, je crois que ça fait près de 4000 mètres d'ascension pendant la course. Sur 200 km, c'est beaucoup. Ça approche les ascensions qu'il faut faire dans les grands Tours, quand c'est une étape en montagne.

«Donc, le Grand Prix de Montréal, c'est vraiment une journée pour les grimpeurs.

«Montréal est davantage une course de gestion que Québec étant donné l'ascension, a ajouté Rollin. Vers la fin, les deux ou trois derniers tours, ça va vraiment accélérer et c'est là que les attaques vont se faire. Il s'agit d'avoir l'énergie, au bout de 200 km, pour suivre le bon wagon dans les deux ou trois dernières ascensions de la montée Camilien-Houde.»

Satisfait de sa 20e place acquise à Québec vendredi, Rollin devra jouer un rôle de soutien lors de la course montréalaise de dimanche.

«Montréal est un circuit qui me convient un peu moins, mais vu que j'ai de bonnes jambes, que je grimpe bien, je pense que je peux quand même être capable de passer, a-t-il dit, samedi. Je vais chercher davantage à aider mes coéquipiers, les bons grimpeurs comme Sandy Casar et Thibault Pinot. Je vais essayer de travailler pour eux, en espérant qu'on en verra un, cette fois, parmi les 10 premiers.»

Une occasion unique

Dans une ville où le vélo de tourisme et le vélo utilitaire semblent être rois et maîtres - le succès du Tour de l'île et les bouchons sur la piste cyclable de la rue Rachel en font foi -, le Grand Prix de Montréal représente une occasion de constater que le vélo de compétition est également bien vivant au Québec.

«Ce n'est pas souvent qu'on peut voir des courses de ce niveau-là, a noté Rollin. C'est une occasion, pour tous ceux qui montent le mont Royal pour le plaisir et qui tiennent compte du temps qu'ils font chaque samedi ou dimanche, de se comparer à ce que réussit au même endroit le numéro un mondial Philippe Gilbert.

«Et ça montre que le cyclisme est en bonne position, qu'on se dirige vers une amélioration et une meilleure reconnaissance du sport. C'est quand même un des sports les plus populaires au monde, et un sport très apprécié à Montréal. Et en ayant des courses ici, ça aide à inspirer la relève, à montrer ce qu'on vit à ce niveau-ci.»