Contrairement à l'an dernier, David Boily ne sera pas sur la ligne de départ de l'une des épreuves du Grand Prix cycliste WorldTour cette semaine. Mais le jeune homme de Québec s'arrange pour qu'on ne l'oublie pas. Il occupe actuellement la deuxième place au classement général du Tour de l'Avenir, la course par étapes la plus prestigieuse réservée aux coureurs de moins de 23 ans.

Troisième au départ de Rambervillers, hier matin, Boily a profité d'une pénalité en temps imposée à un rival pour grimper d'un échelon à l'issue de cette deuxième étape de 150 kilomètres dont l'arrivée était jugée à Bruyères, dans les Vosges. Il pointe donc à 24 secondes du maillot jaune de leader, détenu pour une deuxième journée par l'Australien Rohan Dennis.

«Au départ du Tour, mon objectif était de me classer dans le top 5 au général. Mais je ne pensais pas être capable de me hisser si haut dès le début. C'est au-delà de mes espérances», a dit au téléphone le cycliste de 21 ans, manifestement très excité malgré un ton de voix posé.

Surprenant neuvième d'un prologue tout plat de 6,6 km, dimanche, Boily a su revenir sur l'échappée gagnante, lundi, lors de la première étape. Hier, le coureur de l'équipe SpiderTech propulsé par C10, qui porte l'unifolié en France, a pris le 41e rang d'une étape accidentée, au rythme très nerveux, qui s'est néanmoins conclue par un sprint massif au profit du Néerlandais Wouter Wippert.

Le Québécois s'est fait une petite peur lorsqu'il a décroché du groupe de tête dans un petit col à mi-parcours, mais il a été en mesure de recoller avec l'aide d'autres coureurs quelques kilomètres plus loin. «Les Français sont assez impressionnants dans leurs montagnes, tout comme les Colombiens», a souligné Boily, qui impute sa bonne forme à un récent séjour de trois semaines en altitude au Colorado.

Quand il a répondu au téléphone, en fin de journée, Boily était en train de parcourir la feuille des classements. Il n'a pas caché qu'il visait maintenant le maillot jaune de cette course considérée comme un mini-Tour de France (A.S.O. est d'ailleurs l'organisateur des deux événements). Les meilleurs espoirs du cyclisme y convergent, à l'exception de ceux déjà sous contrat avec une équipe du ProTour. Le Néerlandais Robert Gesink, gagnant du Grand Prix de Montréal l'an dernier, avait fini deuxième du Tour de l'Avenir en 2006.

Les étapes d'aujourd'hui - jalonnées de cinq cols répertoriés, dont un de première catégorie à moins de 15 km de l'arrivée - et de vendredi - avec une montée finale de 9,5 km à 7,5% - seront déterminantes avant la conclusion, dimanche.

«Je suis très nerveux, j'ai de petites appréhensions, mais j'ai très hâte de voir comment le début de la course va se dérouler et à quelle vitesse les cols vont se monter», a expliqué Boily, lui-même un excellent grimpeur, comme en témoigne son maillot de la spécialité au Tour de Sardaigne, en février. «J'aborde les prochaines étapes comme des courses d'un jour. Je vais serrer les dents, courir sans penser à l'étape du lendemain. Le maillot jaune, ce serait vraiment quelque chose d'extraordinaire. À 24 secondes... j'aurais un petit pincement au coeur si je ne pouvais pas me le mettre sur le dos pour au moins une journée.»

Boily n'est pas le seul Québécois à s'illustrer en France. Hugo Houle, de Sainte-Perpétue, pointe au septième rang du classement général, à 44 secondes du meneur. Le double champion canadien espoir avait pris le cinquième rang du prologue. Malade, Guillaume Boivin, médaillé de bronze des derniers Mondiaux et autre coureur de SpiderTech, est 91e à 15 minutes. Le cycliste de Longueuil combat une bronchite. «Il est en mode survie pour l'instant», a dit Boily.