Un haut responsable du CIO affirme qu'il n'a jamais vu aucune preuve convaincante permettant de conclure que la consommation de viande contaminée peut entraîner un test positif au clenbutérol ou à d'autres substances interdites.

Dans une entrevue accordée à l'Associated Press, le professeur Arne Ljungqvist prétend que les affirmations de contamination par des aliments dans les cas de dopage sont de «vieilles histoires» datant de plus de 30 ans et qui n'ont jamais été acceptées par un tribunal international de sport.

Ljungqvist, président de la commission médicale du Comité international olympique et vice-président de l'Agence mondiale antidopage, a déclaré qu'il doute des prétentions de dopage accidentel - une défense utilisée par le champion du Tour de France Alberto Contador et d'autres.

Ljungqvist a précisé que le monde du sport doit continuer de travailler sur le principe de «responsabilité inconditionnelle», c'est-à-dire que les athlètes sont responsables de ce qui se trouve dans leur organisme.

«Bien entendu, un tribunal pardonnerait à une personne si on pouvait prouver à 100 pour cent que c'est accidentel, qu'il était totalement impossible de vérifier, a-t-il noté. Jusqu'ici, nous n'avons pas eu un tel cas.»

Ljungqvist a déclaré qu'il ne pouvait commenter spécifiquement le cas de Contador, qui a été blanchi par la fédération espagnole de cyclisme ce mois-ci après avoir attribué son test positif au clenbutérol au dernier Tour de France à la consommation de boeuf contaminé espagnol.

La Fédération cycliste internationale (UCI) étudie cette décision avant de déterminer si elle fera appel. L'AMA peut également interjeter appel devant le Tribunal arbitral du sport.

«Ce n'est pas la première fois qu'une fédération nationale excuse ses athlètes, a mentionné Ljungqvist au cours d'une entrevue téléphonique depuis la Suède. C'est pourquoi nous avons un dispositif pour faire appel.

«Nous avons eu des cas de ce genre, qui remontent aussi loin que dans les années 1980, et jusqu'ici aucun jury n'a accepté ces arguments à la fin, a-t-il ajouté. Nous avons eu des organismes nationaux qui ont excusé ces athlètes. Mais quand la décision finale est tombée, ils ont tous été jugés coupables.»

En 2009, un comité du TAS avait rejeté les allégations du canoéiste polonais Adam Seroczynski selon lesquelles son test positif au clenbutérol aux Jeux olympiques de Pékin était le résultat de «contamination alimentaire». Le témoin expert du CIO dans cette affaire avait rejeté la possibilité d'une contamination accidentelle.

Le clenbutérol est sur la liste des substances interdites de l'AMA comme un anabolisant qui renforce les muscles et élimine les graisses. Il est également utilisé illégalement par les éleveurs pour augmenter la masse musculaire du bétail.

Ljungqvist a rappelé le cas au début des années 1980 d'un lanceur de poids norvégien, qui a attribué son test positif à la nourriture, une affaire qui a conduit à l'adoption de la règle de responsabilité inconditionnelle.

«Vous devez vous assurer vous-même que vous ne recevez pas de substances interdites dans votre corps de toutes les manières.

Ljungqvist a aussi accordé peu de crédit à une récente étude portant sur la contamination au clenbutérol par le laboratoire accrédité par l'AMA à Cologne, en Allemagne. Le laboratoire a constaté que 22 des 28 voyageurs de retour en Allemagne en provenance de Chine ont été testés positifs à de faibles niveaux de clenbutérol, fort probablement en raison de la mauvaise utilisation du médicament dans l'élevage bovin.

L'étude a été initiée à la suite du cas du joueur de tennis de table allemand Dimitrij Ovtcharov, qui a utilisé l'excuse de la viande contaminée pour expliquer son contrôle au clenbutérol. La fédération allemande a décidé de ne pas lui imposer de suspension, et l'AMA a choisi de ne pas faire appel.