Riccardo Ricco, le «Cobra» italien hospitalisé à Modène suite à un blocage rénal, consécutif à une autotransfusion, est le premier cas qui illustre de façon aussi spectaculaire les dangers du dopage sanguin et les manipulations qu'il nécessite.

Au-delà de la double interdiction éthique et réglementaire, c'est bien la santé qui est en mise en cause dans le cas du coureur italien, âgé de 27 ans et récidiviste en matière de dopage.

Ricco a reconnu s'être transfusé son propre sang, conservé au froid dans le réfrigérateur familial depuis près d'un mois, suivant l'aveu rapporté par le médecin qui a dû -conformément à la loi italienne- collaborer avec les enquêteurs. S'il n'a pas perdu connaissance, selon son père, le coureur s'est retrouvé dans un état suffisamment grave pour que le second hôpital où il a été transporté parle de «pronostic vital réservé» avant de donner des nouvelles plus rassurantes.

Les transfusions, méthode de dopage pratiquée depuis les années 1970, sont passées de mode dans les années 1990 quand l'EPO (érythropoïetine) s'est généralisée dans le sport de haut niveau. Mais elles sont redevenues d'actualité au cours de la décennie suivante en raison de la mise au point du test de détection de l'EPO.

«Dans le cas d'une transfusion, les dangers sont principalement de deux ordres», explique à l'AFP un spécialiste qui a préféré garder l'anonymat. «Soit une réaction immunologique par rapport à un sang étranger, soit une réaction toxique à cause d'une mauvaise conservation».

«Le sang est une matière vivante qui doit être conservé de façon rigoureuse, notamment pour la réfrigération», poursuit le médecin en ajoutant que, s'il est tout à fait possible à un individu de se prélever lui-même le sang, il doit posséder des connaissances minimales sur le sujet et ne commettre aucune erreur.

Tragique

Ricco est-il le premier à frôler la mort, depuis l'apparition des manipulations sanguines, pour cause d'absorption de produits dopants ? Le journal l'Equipe a rapproché mercredi le cas Ricco de celui du coureur suisse Mauro Gianetti qui avait été hospitalisé dans un état grave au printemps 1998 à cause de l'utilisation supposée des PFC (perfluorocarbures, transporteurs d'oxygènes également interdits). «Mais aucune confirmation n'a été donnée à ce sujet par les médecins hospitaliers», a rappelé à l'AFP une source proche du dossier.

En course, 37 ans après le décès tragique du Britannique Tom Simpson, sur les pentes du Ventoux, l'Espagnol Jesus Manzano a lui aussi laissé craindre le pire aux médecins qui se sont occupés de lui lors du Tour de France 2004. Il a avoué ensuite que son malaise avait été provoqué par une transfusion, une pratique habituelle dans son équipe espagnole Kelme.

«Produits nocifs ou transfusions: c'est la santé des sportifs qui est en cause», a réagi mercredi l'ancienne ministre des Sports, Marie-George Buffet en soulignant «l'inhumanité des pratiques dopantes et le danger qu'elles font courir au sport mais surtout aux sportifs eux-mêmes».

Ricco, dont les chances de poursuivre sa carrière sont désormais très limitées, se voulait l'héritier de Marco Pantani, icône du cyclisme italien dont il est le dernier vainqueur du Tour (1998, l'année du scandale Festina). Mais c'est oublier la fin tragique du «Pirate», décédé d'une overdose le jour de la Saint-Valentin 2004.