Des responsables américains qui enquêtent sur le dopage dans le cyclisme doivent rencontrer prochainement des dirigeants de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD).

L'Agence envisage de partager toutes les informations qu'elle détient avec les Américains, a prétendu un responsable français. Cette personne a parlé à Associated Press sous couvert d'anonymat car elle n'est pas officiellement autorisée à faire état de cette rencontre qui doit avoir lieu, selon elle, cette semaine.

La délégation américaine comprendrait Jeff Novitzky, agent de la Food and Drug Administration, le procureur fédéral Doug Miller et Travis Tygart, le «patron» de l'Agence américaine antidopage.

«Ils sont en France, ça, c'est sûr», a déclaré le responsable.

Il a indiqué que l'AFLD partagerait tout ce qu'elle sait, tout ce qu'elle a «dans les frigos, dans les congélateurs, tout, partout.»

Pierre Bordry, l'ex-président de l'AFLD, avait promis de permettre à la justice américaine d'accéder aux échantillons d'urine d'Armstrong, si la demande en était faite.

«Si les procureurs américains nous demandent quelque chose, dans le cadre de l'entraide judiciaire, nous le ferons évidemment», on n'aurait pas «forcément (à) envoyer les échantillons (aux Etats-Unis), on peut les analyser nous-mêmes», avait expliqué Bordry en septembre lors d'une conférence de presse sur les résultats de l'AFLD.

Un mois après le septième sacre d'Armstrong dans le Tour en 2005, le journal L'Équipe avait révélé que des échantillons d'urine d'Armstrong (six) prélevés sur le Tour 1999 contenaient de l'EPO. Ces échantillons avaient été analysés rétroactivement en 2004 par les instances chargées de la lutte antidopage pour affiner le test de détection de l'EPO mis au point en 2000.

«Les échantillons étaient propres quand ils ont été fournis et testés la première fois. Donc ceci ne nous concerne pas», a déclaré Mark Fabiani, un conseiller de Lance Armstrong, dans un communiqué envoyé mardi à l'AP.

Un enquêteur désigné par l'Union cycliste internationale (UCI) avait blanchi Armstrong. L'Américain, survivant d'un cancer, a toujours affirmé ne jamais s'être dopé.

Le responsable français ne sait pas si les enquêteurs américains ont demandé la remise des échantillons d'urine.

«Ils ne peuvent pas partir comme ça avec», explique-t-il, en faisant état de procédures administratives «préparatoires».

Les procureurs américains enquêtent depuis des mois sur le dopage dans le cyclisme, aidés par Jeff Novitzky qui a joué un rôle clé dans l«affaire Balco», scandale ayant impliqué notamment Barry Bonds et Marion Jones.

Bordry a démissionné de l'AFLD fin septembre après avoir engagé un bras de fer avec les pouvoirs publics concernant le budget de l'agence.

Les enquêteurs américains rencontreront aussi cette semaine des policiers français chargés de lutter contre le dopage, a annoncé un responsable des services de police, lui aussi désireux de conserver l'anonymat.

Ce rendez-vous aura lieu à Lyon, où est installé le siège d'Interpol l'agence internationale de la police, à l'origine de cette rencontre, selon ce responsable. Les discussions devraient entre autres porter, estime-t-il, sur les allégations de Floyd Landis, vainqueur déchu pour dopage du Tour de France 2006, selon lesquelles Armstrong et ses ex-coéquipiers de la formation US Postal pratiquaient un dopage systématique.

Ces policiers français ont enquêté sur la découverte de seringues et de matériel de transfusion sanguine après le Tour 2009 dans une poubelle, déchets qui selon les responsables français appartenaient à la formation Astana de Lance Armstrong et d'Alberto Contador, autre vainqueur du Tour.

Une chambre d'hôtel au nom de Novitzky était réservée mardi à Lyon. Miller avait lui aussi une chambre réservée à son nom, mais elle a été annulée.

Une porte-parole d'Interpol, parlant sous couvert d'anonymat, n'a pu confirmer que Novitzky doit rencontrer des responsables de l'agence internationale.