L'Espagnol Alberto Contador aura à s'expliquer devant une instance disciplinaire de son pays après son contrôle antidopage positif lors de son Tour de France victorieux l'été dernier, a décidé lundi l'Union cycliste internationale (UCI).

L'UCI a annoncé qu'elle demandait à la Fédération espagnole (RFEC) d'ouvrir une procédure sur le résultat qualifié d'«anormal» de Contador dans le contrôle antidopage subi le 21 juillet à Pau, à la veille de l'étape du Tourmalet (Pyrénées françaises), alors que le Madrilène portait le maillot jaune.

Comme le prévoit le règlement, il revient ainsi à la RFEC de sanctionner ou non le coureur numéro un du pays, qui encourt le risque de perdre le bénéfice de sa victoire dans le Tour 2010 s'il n'est pas innocenté.

«C'est une situation normale, c'était ce que nous attendions», a déclaré en soirée Jacinto Vidarte, l'agent du coureur qui fait partie de son entourage proche. Il va pouvoir «présenter tous les documents» et «prouver qu'il s'agit d'un cas de contamination alimentaire», a ajouté Vidarte.

La Fédération espagnole a confirmé en soirée dans un communiqué que «les services antidopage de l'UCI ont transféré aujourd'hui (lundi) à cette Fédération toute la documentation en rapport avec cette affaire, demandant l'ouverture de la procédure disciplinaire prévue dans le règlement antidopage de l'UCI».

«De manière immédiate et en accord avec le règlement sportif international, la RFEC mènera à bien, dans le cadre strict de ses compétences, toutes les actions nécessaires pour éclaircir et résoudre les questions qui ont suivi le contrôle antidopage subi par le coureur», a-t-elle ajouté.

Si l'annonce faite lundi soir marque une étape importante, le feuilleton estival est encore loin de son épilogue. La RFEC dispose d'un mois maximum (après les deux jours ouvrables prévus afin d'informer le coureur) pour mener l'instruction et rendre sa décision avant de la notifier dans les trois jours à l'UCI.

Jugement avant la fin de l'année

Sur la base de ce calendrier, le jugement est attendu au plus tard courant décembre. Mais il reste ensuite la possibilité, pour chaque partie, de recourir en cas de désaccord au Tribunal arbitral du sport (TAS).

Dès la révélation de l'affaire le 30 septembre, Contador a expliqué en effet par une contamination alimentaire la présence de traces infinitésimales de clenbutérol, un bêta-stimulant qui stimule la fonction pulmonaire mais possède aussi des effets anabolisants.

En annonçant la suspension provisoire de Contador, qui n'a plus couru depuis l'été, l'UCI avait expliqué devoir mener, en concertation avec l'Agence mondiale antidopage (AMA), «des investigations scientifiques complémentaires avant qu'une quelconque conclusion puisse être tirée». Et ce, à cause des traces «extrêmement faibles» de clenbutérol (50 picogrammes par ml).

Plusieurs médias ont ensuite avancé l'hypothèse d'une transfusion en affirmant que des résidus plastiques typiques des poches de transfusions sanguines auraient été également retrouvés dans les urines de Contador. Ces accusations ont été qualifiées de «sans fondements» par l'entourage du coureur.

Pour sa part, le directeur scientifique de l'AMA a estimé à la mi-octobre que la présence éventuelle dans les urines de contaminants reliés à des poches en plastique ne saurait confirmer une transfusion sanguine subie par le coureur. «Aujourd'hui, la présence de traces du plastifiant n'est qu'une indication» d'un dopage possible, a déclaré le Dr Olivier Rabin.

L'UCI, qui n'a soufflé mot de ce sujet, s'en tient aux traces de clenbutérol, un produit interdit quelle que soit la quantité trouvée. Même si plusieurs scientifiques sont déjà venus au secours de Contador en cautionnant l'explication de la contamination accidentelle.

Depuis un mois, le triple vainqueur du Tour de France (2007, 2009 et 2010) a reçu aussi l'appui de son futur responsable d'équipe, le Danois Bjarne Riis. Car Contador, qui porte depuis 2008 les couleurs d'Astana, a signé début août un contrat de deux ans en faveur de Saxo Bank, jusqu'à cette saison l'équipe du Luxembourgeois Andy Schleck, son dauphin des deux derniers Tours.