Le cycliste Dominique Rollin vient de connaître une semaine mi-figue, mi-raisin.

D'un côté, à sa propre surprise, il est passé à deux centièmes de seconde de remporter le classement général du Tour international Poitou-Charentes, disputé dans l'ouest de la France. Au même moment, il a appris la dissolution de son équipe, Cervélo Test Team, à la fin de l'année. Le voilà sans contrat au moment où la saison des transferts est déjà bien entamée.

«Je suis dans la même position que le reste de l'équipe. À la dernière minute, tu es sans emploi et il faut que tu cognes à toutes les portes avec ton CV», a résumé Rollin, mercredi soir, depuis son pied-à-terre de Gérone, en Espagne.

Rollin se doutait depuis quelques semaines que quelque chose se tramait. Mais il gardait espoir que la formation pour laquelle il évolue depuis deux ans poursuive sa route. Puis, la semaine dernière, les rumeurs de la disparation de l'équipe se sont faites plus insistantes dans les sites internet spécialisés. La mauvaise nouvelle a été confirmée quelques heures plus tard dans un courriel commun destiné aux coureurs et aux membres du staff.

«Pendant deux mois, ils nous servaient la même salade, a dit Rollin. Ils nous disaient: "Ne bougez pas, ne bougez pas, on va vous tenir au courant". Ils voulaient avoir le plus d'options possible pour pouvoir nous signer de nouveau. Ils attendaient toujours une réponse imminente et, à la dernière minute, ils nous jettent ça en pleine face: finalement, on ne continue pas, bien bonne chance!»

Le retrait de Cervélo n'est pas total. Le fabricant de vélos d'origine canadienne s'associe en effet avec l'actuelle Garmin-Transitions, formation du ProTour qu'il commanditera et qu'il équipera à partir de 2011. Sept coureurs actuels de Cervélo Test Team se joindront à la nouvelle Garmin-Cervélo, dont les vedettes Thor Hushovd et Heinrich Haussler et quelques spécialistes des classiques, soit précisément le profil de coureur de Rollin. Le communiqué annonçant les derniers transferts, mardi dernier, suggérait qu'il n'y en aurait pas d'autres.

Or Rollin soutient que Garmin-Cervélo demeure une option pour lui. «Je suis en pourparlers, on va voir comment ça évolue», a-t-il dit. Dans le même souffle, il ajoute qu'il offrira ses services au plus grand nombre d'équipes possible. Sa priorité: une équipe évoluant principalement en Europe. «C'est là où je suis rendu», rappelle le coureur de 27 ans, qui avait pris part au Tour d'Espagne il y a un an et à quelques grandes classiques au printemps, comme Milan-San Remo, le Tour des Flandres et Paris-Roubaix.

À ce compte, Rollin pourrait-il se joindre à SpiderTech propulsée par Planet Energy, l'équipe canadienne dirigée par Steve Bauer qui doit passer à l'échelon continental pro en 2011, soit le statut actuel de Cervélo Test Team? «Je ne ferme la porte à personne», a-t-il répondu.

Pour l'heure, il n'y a eu aucun contact formel entre Rollin et la direction de SpiderTech, précise Josée Larocque, manager de l'équipe. Il y a déjà eu quelques discussions dans le passé, mais sans plus, Rollin étant déjà engagé vers l'Europe. «Dominique est un sprinter qui a énormément de talent, mais il s'agirait aussi de voir comment il s'intégrerait dans l'équipe», a ajouté Josée Larocque, soulignant la «super belle complicité» qui unit déjà son trio de sprinters composé de Martin Gilbert, Keven Lacombe et Guillaume Boivin.

Bauer et Rollin auront amplement l'occasion de se parler la semaine prochaine dans le cadre des courses ProTour de Québec (10 septembre) et de Montréal (12 septembre). Rollin représentera l'équipe canadienne tandis que Bauer sera derrière le volant à titre de directeur sportif.

Les fans de vélo pourront voir Rollin et Gilbert à l'oeuvre dès jeudi après-midi, alors qu'ils s'aligneront au Challenge sprint, un tournoi éliminatoire inédit disputé sur la Grande-Allée. Seize coureurs québécois et canadiens, dont quelques-uns de la relève, se disputeront une bourse de 5000 dollars.