La deuxième place de Lance Armstrong au Tour de Suisse, dernière course d'une saison perturbée, a été très remarquée dans le peloton à 13 jours du début du Tour de France où il briguera une huitième victoire, mais n'a pas surpris.

Au départ du Tour de Suisse le 12 juin, personne ne savait dans quel état de forme se trouvait l'Américain âgé de 38 ans. Neuf jours plus tard, les mêmes mots sont sur toutes les lèvres: «Il sera là, il sera prêt».

Armstrong a passé de manière probante son premier et seul test de la saison en haute montagne, terminant en cinquième position de l'étape-reine comprenant le col de Susten (hors catégorie) enchaîné avec le col de l'Oberalp (première catégorie), puis conclue par le long col de l'Albula (hors catégorie). Il a ensuite conquis dimanche la deuxième place du général, derrière le Luxembourgeois Frank Schleck, après l'une de ses meilleures performances en contre-la-montre depuis son retour de retraite.

«Je ne me faisais pas de soucis pour lui, sourit le manager de l'équipe BMC John Lelangue. Je connais Johann (Bruyneel, le manager de l'équipe RadioShack), je savais qu'ils sauraient gérer leur préparation».

La saison d'Armstrong a pourtant été perturbée par un virus intestinal qui l'a privé de Milan-Sanremo en mars puis des classiques ardennaises en avril, puis les accusations de dopage de son ancien équipier Floyd Landis le 20 mai et une chute le même jour dans le Tour de Californie.

Défensif

«Je ne suis plus surpris par lui, dans un sens ou dans l'autre. Il est motivé, il s'est tourné vers ça», souligne l'Américain Christian Vande Velde (Garmin).

«On voit qu'il a beaucoup travaillé. Il a fait de gros progrès par rapport à l'an passé. L'an dernier, il n'était pas aussi affûté et aussi à l'aise dans les montées», estime le jeune suisse Steve Morabito (BMC) qui l'a côtoyé dans l'équipe Astana la saison dernière et a grimpé l'Albula à ses côtés jeudi dernier.

«Dans l'ascension, il a été défensif, mais il était là. Il n'a plus les mêmes jambes mais il a l'expérience. Il se connaît», souligne Morabito, quatrième du Tour de Suisse.

Face aux violents démarrages d'Andy Schleck, Armstrong a gardé son train pour revenir puis doubler le jeune Luxembourgeois dans les derniers kilomètres et finir en trombe pour tenter de décrocher quelques secondes de bonification à l'arrivée.

«Dans les cols, il n'est pas non plus 'facile'. Il tient le coup, mais de là à pouvoir attaquer... Il y a des meilleurs grimpeurs que lui: Contador et les Schleck», tempère Yvon Madiot, directeur sportif de l'équipe FDJeux sur la course helvète.

À bientôt 39 ans, Armstrong s'appuie plus que jamais sur ses lieutenants de route, notamment l'Américain Levi Leipheimer et l'Allemand Andreas Klöden, «très fort en ce moment» note Vande Velde. Sur la Grande Boucle, son équipe RadioShack aura un rôle déterminant pour alléger ses efforts car l'une des inconnues est sa capacité à récupérer sur une course deux fois plus longue.

Dès dimanche soir, Armstrong est parti en France pour une nouvelle phase de sa préparation: la reconnaissance de plusieurs étapes, dans le Jura, assortie d'un tournage de films publicitaires, les Alpes et enfin les Pyrénées annoncées comme juge de paix du Tour 2010.