Un mandat d'arrêt a été lancé le 28 janvier dernier contre le cycliste nord-américain Floyd Landis dans une affaire de piratage informatique au préjudice de l'Agence Française de lutte contre le dopage (AFLD), a-t-on appris lundi de l'AFLD et de source judiciaire.

Ce mandat d'arrêt, qui n'est valable que «pour la France», a été émis par le juge d'instruction du tribunal de Nanterre (ouest de Paris), Thomas Cassuto, pour «atteinte à un système de traitement automatisé de données» et «recel», a précisé une source judiciaire à l'AFP.

Selon le président de l'AFLD, Pierre Bordry, le juge avait convoqué Floyd Landis en octobre dernier, pour lui demander de «s'expliquer sur la manière dont il avait obtenu des informations qui ont servi à sa défense», après son contrôle positif à la testostérone au Tour de France 2006.

Mais le coureur et son compatriote et collaborateur Arnie Baker, lui aussi visé par l'enquête, ne se sont pas présentés à la convocation. Le juge a alors lancé un mandat d'arrêt contre Arnie Baker en novembre, puis un autre contre Landis le 28 janvier, a précisé Pierre Bordry.

L'affaire avait démarré par une plainte déposée le 7 novembre 2006 par l'AFLD, lorsque l'agence française s'était rendue compte que des pièces informatiques provenant du laboratoire antidopage de Châtenay-Malabry (sud de Paris) avaient été piratées pour mettre en cause la fiabilité des analyses sur Landis.

Selon des sources proches du dossier, les enquêteurs ont pu remonter la trace du piratage jusqu'à une adresse électronique correspondant à celle d'Arnie Baker.

Floyd Landis avait été formellement déchu en septembre 2007 de sa victoire sur le Tour 2006, après n'avoir pas réussi à convaincre l'Agence d'arbitrage américaine indépendante (AAA) avec ses arguments.

Le coureur originaire de Pennsylvanie est allé jusqu'à se ruiner en frais judiciaires pour tenter de prouver son innocence. D'arbitrages en appels, il aurait englouti deux millions de dollars dans sa défense.

Échaudé par son entêtement procédurier, le Tribunal arbitral du sport (TAS) a rejeté son appel en juin 2008, le contraignant même à payer 100.000 dollars (environ 80.000 euros) de frais de justice à l'Agence antidopage américaine (USADA).

L'affaire Landis, qui dure depuis près de quatre ans a déjà grevé les finances de l'Agence mondiale antidopage (AMA), qui a pratiquement dépensé la totalité des 1,8 million de dollars affectés au service du contentieux en 2008 pour ne pas laisser Landis obtenir gain de cause.

Le dossier instruit par le juge Cassuto comprend également un volet sur des actes présumés d'espionnage informatique au préjudice de Greenpeace France, volet dans lequel deux hauts responsables de la sécurité d'EDF, suspendus depuis, ont été mis en examen.