Le Tour de France 2010, dont le parcours a été présenté mercredi à Paris, a choisi d'aller sur les pavés de Paris-Roubaix avant de rendre un hommage appuyé aux Pyrénées, franchies pour la première fois cent ans plus tôt.

Le parcours, «classique» selon le mot de son directeur Christian Prudhomme, respecte la légende. Dans le Nord, avec le retour des secteurs pavés trois jours après le grand départ du port néerlandais de Rotterdam le 3 juillet. Dans les Pyrénées surtout, sillonnées quatre journées durant la dernière semaine avant l'arrivée parisienne sur les Champs-Elysées le 25 juillet.

«Le Tour, dès qu'il le peut, doit s'inscrire dans les régions, dans les terroirs, dans l'histoire», a insisté Christian Prudhomme qui a tenu symboliquement à ce que la course emprunte aussi bien les nouvelles montées (Pailhères, Ax-3 Domaines, Balès) abordées seulement au XXIe siècle que les quatre cols légendaires (Peyresourde, Aspin, Tourmalet, Aubisque) franchis par les pionniers de 1920.

Sur l'écran du Palais des Congrès, les coureurs de la génération actuelle ont ainsi découvert Eugène Christophe, racontant dans un film noir et blanc l'un des épisodes légendaires du Tour. Il avait descendu à pied le Tourmalet pour réparer sa fourche chez le forgeron de Sainte-Marie-de-Campan.

Jour de stress

Lance Armstrong, présent dans la salle, a pu aussi visionner l'une de ses performances les plus mémorables quand il avait traversé un champ, en 2003, après avoir évité la chute de l'Espagnol Joseba Beloki dans l'étape de Gap. Le Tour 2010 passera par la même route pour rejoindre Gap une fois encore.

L'Américain, installé à un siège d'écart de son vainqueur de juillet, l'Espagnol Alberto Contador, est resté impassible. Mais il a regardé attentivement le déroulé des 20 étapes (et du prologue) dessinées pour faire sauter le verrou des habitudes malgré une première semaine dénuée de reliefs jusqu'à l'arrivée dans le Jura (Les Rousses).

Pour alliés, Christian Prudhomme mise sur le vent, qui avait failli jouer en juillet dernier un mauvais tour à Contador le long de la Méditerranée, et sur les pavés. Arenberg, site emblématique de Paris-Roubaix, reçoit pour la première fois le peloton le 6 juillet. Coureurs et directeurs sportifs sont d'accord, ce sera jour de grand stress.

Les Pyrénées au pluriel

En accordant une part significative aux pavés, lesquels ne suscitent plus les polémiques enfiévrées de jadis, les organisateurs s'inscrivent dans la tradition de la Grande Boucle. Pareil choix avait cours dans les années 1980 et Jacques Goddet, longtemps l'âme du Tour, rêvait que l'épreuve se joue aussi en plaine.

Dans les Alpes, premier grand massif abordé, deux temps forts se dégagent. L'ascension d'Avoriaz, l'une des trois arrivées au sommet de cette 97e édition, et la montée de la Madeleine, l'un des grands cols alpestres -injustement mésestimé selon Christian Prudhomme- qui précède la plongée vers la vallée de la Maurienne.

Les Pyrénées, après une transition modérée par les Cévennes, se conjuguent au pluriel. Trois étapes menant à la station ariégeoise d'Ax-3 Domaines, à Luchon et à Pau, se succèdent avant la seconde journée de repos. Il reste encore une étape de haute montagne qui se conclut au sommet du Tourmalet, le Géant à l'altitude de 2115 mètres.

Les rouleurs, dans l'attente depuis le prologue -le contre-la-montre par équipes a été mis de côté-, disposent enfin d'un chrono de 51 kilomètres à la veille de l'arrivée. Il est vrai que pour plusieurs d'entre eux, à commencer par le champion du monde de l'exercice, le Suisse Fabian Cancellara, la première semaine s'annonce quasi-idéale.