Le décès à 34 ans de Frank Vandenbroucke, retrouvé mort lundi dans une chambre d'hôtel au Sénégal, laissait mardi le peloton belge sous le choc et perplexe.

Les dirigeants, coureurs et journalistes qui avaient côtoyé «VDB» ces derniers jours étaient pour la plupart consternés par l'annonce brutale de la mort du coureur dans des circonstances qui restent à déterminer.

«C'est un choc», a commenté le Wallon Christophe Brandt, coureur chez Silence. «J'ai perdu un ami», a déclaré l'ancien coureur Johan Museeuw, «dévasté par la nouvelle».

«Frank avait peut-être trop de talent et un caractère un peu faible. Mais c'était un garçon charmant», a dit son compatriote Eddy Merckx, le plus grand champion cycliste de l'histoire.

«Je suis surpris. Et très touché. Je l'avais vu mardi dernier et il avait l'air bien. Mais il m'avait dit qu'il était très déçu de ne pas encore avoir trouvé d'équipe pour l'année prochaine», a raconté à la télévision Sporza Patrick Lefevere, l'un de ses anciens directeurs sportifs.

Journaliste au quotidien Le Soir, Stéphane Thirion s'était entretenu avec le coureur il y a dix jours en marge des championnats du monde à Mendrisio en Suisse. Vandenbroucke lui avait raconté qu'il se sentait «comme un sou neuf» et qu'il s'apprêtait «à signer dans une belle équipe».

Selon Le Soir, «Bimbo» -- surnom donné à Vandenbroucke par la presse italienne -- était sur le point de s'engager avec l'équipe Fuji-Servetto du Suisse Mauro Gianetti.

«Demi-surprise»

Un autre de ses anciens directeurs sportifs, Hilaire Van Der Schueren, a rejeté l'hypothèse d'un suicide, même si VDB avait plusieurs fois tenté de mettre fin à ses jours par le passé: «J'espère que les ragots et les rumeurs ne vont pas surgir tout d'un coup autour de sa mort».

Selon Jef Brouwers, un psychologue qui s'était longtemps occupé du coureur, «rien ne laissait présager une fin aussi abrupte».

D'autres étaient pourtant moins affirmatifs sur les circonstances du décès de l'ancien vainqueur de Liège-Bastogne-Liège (1999).

«Nous redoutons un scénario à la Pantani, mais ce n'est peut-être qu'une impression», a déclaré au journal La Dernière Heure/Les Sports, l'épouse de Nico Mattan, ancien coureur et meilleur ami de VDB, «trop ému» pour s'exprimer lui-même.

Le coureur italien Marco Pantani avait été retrouvé mort en février 2004 dans une chambre d'hôtel de Rimini (Italie) suite à un oedème cérébral et pulmonaire, provoqué par une surdose de cocaïne.

Pour l'oncle de VDB, Jean-Luc Vandenbroucke, qui fut aussi son premier directeur sportif chez les pros, ce décès «n'est malheureusement qu'une demi-surprise».

«Nous savions qu'il avait des hauts et des bas, côté santé et côté moral. A Mendrisio il y a dix jours, il avait laissé une bonne impression. Au point qu'un journaliste français m'avait dit le trouver en forme, avec un bon moral. Je lui avait répondu +Méfiez-vous, on ne sait jamais ce que Frank nous réserve+», a-t-il expliqué.