Le Tour de France, dont les trois dernières éditions ont été empoisonnées par les affaires de dopage, sera soumis dès le départ à Monaco samedi à une surveillance sans précédent: des contrôles mieux ciblés et pour la première fois, l'utilisation du passeport biologique des coureurs.

Lance Armstrong, l'Américain aux sept victoires dans la Grande Boucle, a pu apprécier l'évolution. Depuis l'annonce de son retour à la compétition l'été dernier après trois ans d'arrêt, la star du vélo a subi plus d'une trentaine de tests.

Tous les membres du peloton n'en ont pas eu autant. Mais tous sont comme lui suivis par leur passeport biologique, la nouvelle arme dans l'arsenal antidopage que le cyclisme a été le premier à adopter et qui lui a permis en juin de confondre cinq premiers tricheurs.

Le passeport, qui consigne tous les prélèvements subis par un coureur depuis le 1er janvier 2008, se base sur les valeurs recueillies lors des tests pour établir un profil. En cas de variation anormale de ses paramètres, le coureur risque jusqu'à quatre ans de suspension, pour infraction aux règles antidopage.

Un consommateur de produits interdits et/ou adepte de transfusions sanguines sait désormais qu'il peut échapper à un contrôle positif sur le Tour, mais peut tout aussi bien être rattrapé plus tard sur la base des informations de son passeport.

Il est aussi averti que les transfusions de son propre sang, qui demeurent indétectables par un test classique, peuvent être décelées indirectement à partir des effets sur son organisme.

Encore balbutiant en tant qu'outil de répression, le passeport devrait être surtout utilisé pour mieux cibler les tests sur des coureurs suspects.

«Le Tour de France 2009 sera probablement l'événement sportif le plus contrôlé de l'histoire», estimait Pat McQuaid, le président de l'Union cycliste internationale (UCI) en présentant le dispositif le 10 juin. «Nous ferons tout pour protéger l'intégrité de la course».

Collaboration

La compétition sera d'autant plus surveillée que contrairement à l'an dernier, tous les acteurs de la lutte antidopage collaboreront. En 2008, du fait de la brouille entre l'UCI et les organisateurs du Tour de France, l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) s'était retrouvée seule maître d'oeuvre des contrôles.

L'AFLD avait réussi à faire tomber l'Italien Riccardo Ricco, le fanfaron du début de Tour devenu malgré lui le premier sportif pris à la Cera, la dernière EPO commercialisée en Europe.

Mais ce sont surtout les analyses complémentaires menées deux mois plus tard sur certains échantillons qui avaient bouleversé le classement et envoyé un signal fort: le fait de terminer le Tour ne garantit pas l'impunité. Parmi les trois autres coureurs ainsi rattrapés figurait l'Autrichien Bernard Kohl, troisième sur le podium.

Depuis, l'Autrichien a mis fin à sa carrière, et repenti, a détaillé ses pratiques à des responsables de l'AFLD. «Il nous a expliqué comment il faisait et pourquoi il croyait qu'il ne serait jamais pris», a raconté Pierre Bordry, le président de l'agence française.

Floyd Landis, le vainqueur déchu de 2006, ne sera pas dans le peloton, pas plus qu'Alexandre Vinokourov et Michael Rasmussen, les deux gros scandales de l'été 2007, encore sous le coup de leur suspension. L'Espagnol Alejandro Valverde n'est pour l'heure interdit de compétition qu'en Italie mais a dû renoncer au Tour, qui fait un crochet par le Val d'Aoste.

Si plus personne n'ose présenter un Tour de France comme celui du renouveau, une promesse qui a très mal réussi aux précédents, Anne Gripper, la responsable de la commission antidopage de l'UCI, fait preuve d'«optimisme».

«La grande majorité des coureurs ont des valeurs sanguines normales. Et le seul moyen d'avoir des valeurs sanguines normales est de ne pas manipuler son sang», soulignait-elle mi-juin. Ce qui n'était pas le cas, selon elle, avant la mise en place du passeport.