Même s'il émerge à peine du cauchemar dans lequel sa disqualification du Tour de France l'a plongé, Floyd Landis aimerait repartir à la conquête du maillot jaune.

Si les conditions favorables sont réunies et qu'il trouve une équipe à son goût, Landis serait prêt à retrouver le peloton du circuit Pro Tour.

«J'aimerais courir en Europe de nouveau. J'aimerais participer au Tour de France et essayer de le remporter de nouveau», a affirmé le cycliste de 33 ans, hier après-midi, lors d'une entrevue avec La Presse.

«Mais il y a toujours de la politique qui est difficile à comprendre, a enchaîné Landis. Et il faut trouver la bonne équipe et le bon commanditaire pour te soutenir. Si l'occasion se présente, j'aimerais le faire. Mais je ne sais pas encore quel est le plan pour y parvenir.»

Pour le moment, Landis évolue au sein de l'équipe américaine OUCH pour son retour à la compétition après une suspension de deux ans. En 2006, trois jours après avoir ramené le maillot jaune jusqu'aux Champs-Élysées, Landis avait été déclassé pour dopage à la testostérone, est-il besoin de le rappeler.

OUCH dispute essentiellement des courses de catégorie NRC, le circuit domestique américain. Landis dit y trouver son compte. «La motivation est la même, a-t-il soutenu, mais c'est peut-être pour une raison différente maintenant. Je veux aider mon équipe (...). En 1999, je n'avais jamais couru en Europe. J'y rêvais. Maintenant, j'ai vu plusieurs choses, et pour une fois, ça me permet d'apprécier les courses de vélo. Mais je suis toujours motivé. Je continue à travailler fort et je continuerai à le faire aussi longtemps que ça me procurera de la satisfaction.»

Landis dit avoir atteint cette sérénité grâce à sa performance au Tour de 2006. Il affirme même s'amuser davantage qu'à l'époque de ses cinq participations à la Grande Boucle.

«Aucun athlète qui progresse ne sait jusqu'où il ira, a souligné Landis. Maintenant, je n'ai plus à me poser cette question. Je peux savourer les courses. Si je le veux, je peux retrouver le même niveau.»

Vraiment? «Certainement», a-t-il répondu sans hésiter.

Effacé depuis le début de l'année, Landis reconnaît qu'il n'a pas retrouvé la forme d'antan. Consacrant l'essentiel de ses énergies - et de ses économies - à des démarches juridiques qui l'ont mené, en vain, jusqu'au Tribunal arbitral du sport, il a peu touché à son vélo en 2007 et 2008. Il estime avoir roulé à peine 6000 kilomètres durant ces deux années. «J'ai bu beaucoup de bière!» a blagué Landis, qui, au faîte de sa carrière, devait franchir plus de 30 000 kilomètres chaque année.

«Il y a eu des moments difficiles, a-t-il reconnu. Je ne crois avoir jamais voulu arrêter de rouler complètement. Mais il y a avait des moments où je ne savais pas si je voulais continuer à courir. Mais je suis content de le faire, j'en tire du plaisir.»

Aussi réservé qu'on nous l'avait décrit, Landis fut le dernier des six coureurs de OUCH à se présenter au rendez-vous fixé sur une terrasse près du marché Atwater, en fin d'après-midi. Devant un cappuccino, il a poliment répondu aux questions. Il avait été convenu à l'avance que toute question concernant son contrôle positif de 2006 mettrait un terme à l'entrevue.

Quinze minutes plus tard, Landis et ses coéquipiers ont enfourché leur vélo pour se diriger sur la piste du canal de Lachine, direction parc LaSalle, où ils ont pris part aux Mardis cyclistes de Lachine.

La présence de Landis - et la controverse entourant sa venue - a manifestement piqué la curiosité du public, fort nombreux pour cette deuxième étape.

Landis a été applaudi quand il a été présenté sur la ligne de départ. Durant la course, il s'est fait discret, terminant dans le peloton. L'Américain a ensuite signé des autographes pendant une quinzaine de minutes à des fans sous le charme, s'éclipsant sans répondre aux questions des journalistes.

L'équipe canadienne Planet Energy, dirigée par Steve Bauer, a profité de cette visibilité inespérée pour racheter une semaine difficile en Beauce. Keven Lacombe s'est imposé au sprint devant son coéquipier Martin Gilbert. Guillaume Boivin, de Volkswagen-Specialized, a complété le podium.

Lacombe était visiblement mal à l'aise de devoir commenter toute l'attention générée par la venue de Landis. «À titre de coureur, ce n'est pas à moi de juger si Floyd doit être ici ou pas, a rappelé le gagnant du jour. Peu importe qui est sur la ligne, on essaie de gagner la course tout en véhiculant de bonnes valeurs. Chez Planet Energy, c'est vraiment important de courir 100% propre.»

Landis sera à Bromont aujourd'hui pour participer à une randonnée caritative organisée par le fabricant de vélo Kuota, à l'origine de sa venue au Québec.

Ceux qui seraient intéressés à en savoir davantage sur Landis ou qui désirent simplement rouler avec un ancien porteur du maillot jaune ont jusqu'à 10 h ce matin pour s'inscrire (informations: www.teamkuota.com).

Sinon, Dominique Rollin, de passage au Québec après un printemps fructueux en Europe, y sera, de même que l'ancienne championne canadienne Lyne Bessette et tous les membres de l'équipe québécoise Probikebool/Kuota. Ça risque de provoquer des discussions intéressantes.