Floyd Landis, champion déchu du Tour de France de 2006, participera à une étape des Mardis cyclistes de Lachine.

Joseph Tino Rossi, président de l'événement, a annoncé la présence du cycliste américain de 33 ans et de quatre de ses coéquipiers de l'équipe OUCH à la deuxième manche des Mardis cyclistes, le 16 juin.

Aux yeux du promoteur, la participation de Landis contribue à démontrer que la notoriété des Mardis cyclistes a maintenant «dépassé les frontières».

«Ce n'est plus une course locale ou provinciale, mais une course à caractère international», a affirmé le coloré Rossi, lors d'une conférence de presse, hier midi.

Landis était déjà attendu à Bromont, le 17 juin, dans le cadre d'une randonnée caritative au profit du Centre François-Michelle, qui vient en aide aux élèves aux prises avec une déficience intellectuelle légère.

Carl Grenier, organisateur de la cyclosportive à laquelle participera également Dominique Rollin, a fait venir Landis une journée plus tôt pour qu'il puisse s'aligner aux Mardis cyclistes.

«On fait d'une pierre deux coups. Il faut y voir un clin d'oeil pour les Mardis et c'est fait sans prétention», a précisé Grenier. Ce dernier est le distributeur nord-américain des vélos italiens Kuota, qui équipent OUCH, d'où son lien avec Landis, qu'il a côtoyé au dernier Tour de Californie.

Après une suspension

Landis a repris la compétition aux États-Unis cette année après avoir purgé une suspension de deux ans pour dopage. À l'été 2006, il s'était rendu tristement célèbre en subissant un contrôle positif à la testostérone lors du Tour de France, qu'il avait remporté de la plus spectaculaire des façons.

À l'issue d'une longue bataille juridique fortement médiatisée, il avait été dépouillé de son maillot jaune en septembre 2007. À ce jour, Landis a toujours nié s'être dopé, accusant le laboratoire antidopage français d'avoir commis des erreurs dans la manipulation de ses échantillons d'urine.

M. Rossi estime que Landis a «payé sa note» et que les Mardis cyclistes ne pouvaient laisser passer une telle occasion. «La vie continue. Ce n'est pas à nous de justifier la pénalité de Floyd Landis», a indiqué le promoteur, qui y voit une «occasion pour nos jeunes» de côtoyer un ancien champion du Tour de France. En conférence de presse comme dans ses communiqués officiels, M. Rossi s'est bien gardé de rappeler que Landis avait été déchu de son titre au profit de l'Espagnol Oscar Peireiro.

Jean-François Laroche, qui visera un troisième titre consécutif à Lachine à partir de mardi prochain, est excité à l'idée de courir contre Landis et ses coéquipiers de OUCH. « Tout le monde sera motivé à gagner cette course-là», a souligné l'athlète de 29 ans, tout en rappelant qu'il faudra davantage surveiller des sprinters comme John Murphy ou Rory Sutherland que Landis lui-même.

Tout en condamnant le dopage, qu'il juge «débile», Laroche rappelle que la fameuse échappée de Morzine réalisée par Landis sur le Tour de 2006 a marqué les esprits. «Il faut voir sa présence ici un peu comme un show. Il a quand même réussi l'échappée la plus fantastique que j'aie vue de ma vie», a rappelé Laroche, membre de l'équipe québécoise Probikepool/Kuota à temps perdu et avocat en droit corporatif à la firme Stikeman Elliott.

Directeur général de la Fédération québécoise des sports cyclistes, Louis Barbeau n'a aucune objection à ce que Landis se présente à la ligne de départ, mais il préférerait qu'on n'y accorde pas trop d'importance. «Je n'ai rien contre le coureur, mais ça peut envoyer un drôle de message et ça peut être mal perçu», a-t-il convenu.

Décevant

De son côté, Christiane Ayotte, directrice du laboratoire antidopage de l'INRS, juge «assez décevant» que les organisateurs des Mardis cyclistes fassent la promotion de la venue de Landis.

«Il n'y a rien qui lui interdit de prendre part à la compétition, bien sûr, mais de là à s'en faire une gloire et de faire la promotion d'un événement avec un coureur qui est un ancien dopé, il y a quand même une marge à respecter, a réagi Mme Ayotte, avant d'ajouter: J'ai toujours trouvé qu'on manquait de cohérence dans la lutte contre le dopage et qu'il fallait quand même voir quel message on envoie aux jeunes dans un sport qui est particulièrement atteint comme le cyclisme.»

En 2007 et 2008, Mme Ayotte a eu maille à partir avec le clan Landis quand elle a témoigné à titre de témoin-expert lors de deux appels successifs de Landis devant la Cour d'arbitrage américaine indépendante et le Tribunal arbitral du sport. Elle juge «honteuses» les tactiques employées par les avocats de Landis pour discréditer le travail des laboratoires antidopage.