Sa suspension de deux ans pour dopage a pris fin en janvier mais Floyd Landis, qui renoue avec la compétition cycliste sur le Tour de Californie, n'est pas encore sorti du purgatoire.

À 33 ans, Landis évite si possible les micros et les stylos pour ne plus avoir à regarder derrière lui. «Floyd ne veut plus parler du passé», assure l'attaché de presse de la très modeste équipe américaine OUCH, en promettant de faire son possible pour arranger un entretien avec des journalistes étrangers. Depuis qu'une chute à l'entraînement l'a privé de conférence de presse deux jours avant l'épreuve, ses mots se font rares.

Convaincu de dopage à la testostérone lors du Tour de France 2006, son nom rayé du palmarès de la Grande Boucle, Landis n'a jamais rien avoué, rien cédé.

«Floyd ne croit pas être coupable, il ne peut donc pas faire des aveux. Il ne va pas le faire juste pour que les gens le lâchent», assure Lance Armstrong.

Le coureur originaire de Pennsylvanie est allé jusqu'à se ruiner en frais judiciaires pour tenter de prouver son innocence. D'arbitrages en appels, il aurait englouti deux millions de dollars (1,6 millions d'euros) dans sa défense.

Echaudé par son entêtement procédurier, le Tribunal arbitral du sport (TAS) a rejeté son appel en juin 2008, le contraignant même à payer 100 000 dollars (environ 80 000 euros) de frais de justice à l'Agence antidopage américaine (USADA).

Landis aurait dû payer cette somme pour obtenir sa nouvelle licence professionnelle, rapporte le San Diego Union Tribune. Il n'a pas pu, et l'USADÀ lui a fait une fleur: la licence contre un étalement des paiements.

«Mais s'il n'honore pas cet accord, il ne sera plus éligible» pour courir, assure le président de l'USADÀ Travis Tygart.

Signes d'affection

En perdant le Tour de France, et ce maillot jaune qui vaut de l'or, l'Américain n'a pas perdu que ses économies. Ses sponsors se sont envolés et son mariage s'est brisé. Il a en outre dû se faire poser une prothèse de la hanche droite, sans laquelle il n'aurait de toute façon pas pu remonter sur un vélo.

«Ce que Floyd a vécu, je ne le souhaiterais pas à mon pire ennemi», résume David Zabriskie (Garmin), un de ses proches.

Pendant sa suspension, Landis a aussi écrit un livre («Positively negative», jeu de mots traduisible par «assurément négatif»), que quelques personnes lui font parfois signer le matin avant le départ.

Car s'il reste des choses auxquelles le coureur peut se raccrocher, ce sont peut-être ces signes d'affection, patents en Californie. Sûr que cette petite foule massée autour du modeste bus de OUCH chaque matin, ces +yeah+, ces +Floyd+, ces sifflets d'appréciation doivent faire du bien au moral et à l'ego. Plus, en tout cas que ses performances sur l'épreuve, très mitigées.

En grande peine dans le prologue samedi, à 21 secondes du vainqueur sur moins de 4 km, il a été victime d'un ennui mécanique dimanche qui lui a coûté cinq minutes et ôté tout espoir de bien figurer au classement général.

Lundi, il n'a pu rester au contact des meilleurs et a encore lâché du temps pour pointer à la 29e place, à six minutes du leader, Levi Leipheimer.