Lance Armstrong veut que vous sachiez qu'il va chercher ses enfants à l'école. Qu'il aime lire le New York Times. Qu'il écoute les White Stripes. Que deux objets sont essentiels à sa vie quand il est sur la route: des haut-parleurs pour son iPod et une machine à café.

Armstrong avait l'habitude de fuir les médias comme la peste. Pour son retour à la compétition, le champion cycliste se paye une cure de publicité: des millions de personnes peuvent désormais savoir tout ce qu'il fait. Vraiment tout.

 

Un exemple. À 8h36 du matin, jeudi, celui qui a gagné le Tour de France pendant sept années consécutives a annoncé: «Je viens de me cogner la tête sur une porte que j'étais en train de fermer. Brillant.»

Depuis quelques mois, Armstrong est abonné au service «Twitter» (gazouillement, en anglais), une sorte de micro-blogue où les gens peuvent diffuser sur le web de courts messages de 140 caractères au maximum, plusieurs fois par jour. Depuis, Armstrong y décrit sa vie.

C'est d'ailleurs sur Twitter qu'on a pu apprendre pourquoi l'athlète n'était pas présent à une conférence de presse, vendredi. «Toc-toc à la porte ce matin, a écrit Armstrong à 7h12. Contrôle antidopage. C'est le 18e.»

«Je n'étais pas le type le plus transparent du monde, a-t-il confié récemment, pour expliquer sa décision de dévoiler sa vie sur l'internet. Les gens se disaient: «Hum. On ne sait pas où il est. Il ne nous parle pas. Il doit être en train de faire des trucs pas corrects.» Cela mène à des spéculations, à des rumeurs.

«Aujourd'hui, avec Twitter, je vais vous dire ce que je mange pour déjeuner et je vais le prendre en photo. Je vais vous dire quand je m'entraîne. Quand je regarde mon fils jouer au touch-football. Et quand je m'ouvre une bonne bouteille de vin.»

Les «années noires»

En conférence de presse, jeudi à Sacramento, Armstrong n'a pas parlé des grands crus qu'il garde dans sa cave, mais de son retour à la compétition. Et des attentes que les gens ont placées en lui.

Ceux qui souhaitent le voir prendre les devants dans le Tour de Californie seront déçus: Armstrong, qui court chez Astana, a dit qu'il n'essaierait pas de remporter la course, mais bien d'être utile à son coéquipier, Levi Leipheimer, deux fois vainqueur du Tour.

«J'ai essayé de me garder raisonnablement en forme, et c'est rassurant de savoir que je ne suis pas le plus vieux du Tour, a dit Armstrong. Je pense que la science nous montre que, chez les athlètes plus vieux, ce n'est pas le corps qui lâche, c'est l'esprit. J'ai eu l'occasion de me reposer, et mon esprit est frais actuellement. Alors allons-y une fois de plus. Je me sens fort. J'ai 37 ans, mais je me sens aussi fort que lorsque j'en avais 27.»

Selon lui, Floyd Landis, George Hincapie et Fabian Cancellara seront les coureurs à surveiller au Tour, qui prendra fin dimanche à Escondido, dans le sud de la Californie.

Armstrong a expliqué ne pas être revenu à la compétition pour récolter davantage d'honneurs et de trophées, mais pour poursuivre le travail de sensibilisation sur les ravages du cancer.

Armstrong a aussi parlé du dopage, sujet qui intéresse la presse, surtout depuis que le champion a abandonné son programme de tests volontaires, qu'il a jugé trop compliqué et trop coûteux. Le Tour de Californie 2009 est celui des «revenants»: Ivan Basso, Tyler Hamilton et Floyd Landis - tous suspendus pour dopage au cours des dernières années - sont de retour sur la ligne de départ.

«Je crois que nous, dans le vélo, pouvons dormir sur nos deux oreilles, en sachant que nos tests sont plus sévères que dans n'importe quel sport. Nos tests ne sont pas annoncés à l'avance, c'est chaque fois une surprise.»

Armstrong a aussi fait allusion à Alex Rodriguez, des Yankees de New York, qui a récemment déclaré avoir utilisé des substances dopantes de 2001 à 2003. Selon lui, les sept plaies qui se sont abattues sur le cyclisme toucheront peut-être un autre sport cette année.

«Ce serait bien d'avoir une standardisation dans les sports, où tout le monde pourrait jouer selon les mêmes règles. Il y a eu des années noires dans le cyclisme, mais je crois que nous commençons à en sortir. Peut-être que c'est le baseball qui s'apprête à vivre des années noires, je ne sais pas...»

Sur l'internet: twitter.com/lancearmstrong