À 37 ans, Lance Armstrong, l'un des mythes du sport contemporain, reprend place dans le peloton dimanche, en Australie, dans une course critérium appelée Cancer Council Classic en prélude au Tour Down Under à Adelaide.

Trois ans et demi après avoir arrêté sa carrière sur une septième victoire dans le Tour de France (record absolu), l'Américain redevient coureur cycliste professionnel comme il l'avait annoncé en septembre dernier.

En Australie, le leader de l'équipe Astana a prévu d'enchaîner mardi prochain avec le Tour Down Under, une course de reprise qui s'étale sur six jours et réunit les meilleures équipes mondiales. Première marche d'un parcours qui doit l'emmener, espère-t-il, au sommet du Giro en mai et du Tour de France en juillet.

Qu'attendre d'Armstrong à Adelaide ?

Il a fait inscrire sur le cadre de son vélo le nombre de jours (1274) qui marque la durée de son interruption de carrière. C'est dire qu'il doit retrouver ses sensations en course, ses réflexes en peloton, la répétition des efforts imposés par des adversaires, tous éléments accessibles seulement en compétition.

En revanche, Armstrong a pu se préparer physiquement au mieux. «Je n'ai jamais été aussi en forme à cette époque de la saison», affirme-t-il au vu de ses repères chiffrés d'entraînement.

Le profil de plaine de la course australienne, les conditions climatiques estivales -il fait presque trop chaud pour le Texan !-, la condition du peloton lui aussi en phase de reprise, sont autant d'éléments favorables.

«Il ne serait pas réaliste de s'attendre à une victoire», tempère Armstrong. «J'espère être dans le coup mais je peux me tromper complètement. Je serai peut-être le premier à abandonner».

À écouter George Hincapie, le seul à l'avoir accompagné dans ses sept Tours de France victorieux, l'hypothèse n'est guère crédible. Avant de dîner avec son grand copain jeudi soir, le New Yorkais passé entre-temps dans une autre équipe s'est exclamé: «Avec lui, tout est possible !»

Quel objectif poursuit-il ?

«Pour moi, ce n'est pas un défi sportif, ce n'est pas un enjeu financier. Je suis ici pour l'amour du vélo et la passion de la cause», a répété Armstrong qui a inscrit un second nombre sur son vélo, les (27,5) millions de personnes décédées du cancer depuis 2005.

Dans ce combat, celui qui a réchappé de la maladie en 1996 a fait part de sa confiance envers le nouveau président américain. «Les crédits pour la recherche contre le cancer ont nettement diminué ces quatre dernières années. (...) Avec Obama, la situation changera», a-t-il déclaré au journal italien La Gazzetta dello Sport. «Le cancer l'a touché de près, sa mère en est morte et aussi sa grand-mère».

Sur le vélo, Armstrong s'est gardé de fixer des seuils de performance sur les points de passage qui le séparent du Giro du Centenaire. Tant pour le Tour de Californie, sa course suivante en février, que sur les épreuves européennes figurant à son programme.

Mais, à écouter ce coureur hors norme au mental d'exception, l'avenir est tracé. «Je ne crains qu'une chose: l'échec», déclarait-il en septembre. «Et c'est probablement une bonne chose parce que l'échec, c'est la mort. La défaite, c'est la mort. La victoire, c'est la vie !»

Comment est-il accueilli ?

«Les avis sur Armstrong sont différents en France et dans les autres pays», remarque le président de l'Union cycliste internationale (UCI), Pat McQuaid.

En France, où l'Américain a été soupçonné et accusé de dopage (dans le Tour 1999), le personnage prête à controverse. Hors de l'Hexagone, Armstrong prend la dimension d'un héros.

Cette dichotomie se retrouve dans le milieu cycliste. C'est surtout en France que sont apparues les plus fortes réserves sur son retour. De la part des responsables d'équipes, davantage que des coureurs -les plus jeunes sont souvent fascinés par la légende Armstrong-, ou encore d'une partie des passionnés de cyclisme.

Le public -100.000 personnes sont attendues dimanche sur le parcours- et les autorités australiennes sont aux antipodes de cette défiance. À Adelaide, c'est un tapis rouge qui a été déroulé pour accueillir le Texan, synonyme de raz-de-marée médiatique.

Les chaînes de télévision européennes et les grands journaux américains ont fait cette fois le déplacement et, selon les estimations de la presse australienne, la valeur de l'épreuve aurait été quadruplée en un an.