Geneviève Jeanson a appris à vivre avec la pression très jeune. À l'âge de 7 ans, son père, Yves, lui faisait signer un contrat pour qu'elle soit la meilleure de sa classe.

«Sinon, il me privait de loisirs», confie Jeanson dans le livre L'affaire Jeanson: l'engrenage. L'anecdote est révélatrice du type de relation entre le père et la fille à l'aube de sa carrière sportive.

À partir d'entrevues avec le principal intéressé et de témoignages, Yves Jeanson est décrit comme un être ambitieux et colérique, à l'image de l'entraîneur André Aubut, avec qui il collaborait étroitement.

En 1998, alors qu'elle avait 16 ans, Geneviève était d'ailleurs accompagnée de ses parents et d'Aubut lors de sa première rencontre avec l'orthopédiste montréalais Maurice Duquette, le premier à lui fournir de l'EPO.

Dans le reportage de l'émission Enquête, M. Jeanson s'était maladroitement défendu et jurait qu'il ne savait pas que sa fille avait continué à s'injecter régulièrement cette substance dopante. Il rejetait la plus grande partie du blâme sur Aubut. «Ce gars-là nous a manipulés à 100%», soutient M. Jeanson.

Or, dans le livre, Yves Jeanson admet avoir été au courant des agissements de sa fille jusqu'à son exclusion des Championnats du monde de Hamilton, en 2003, pour formule sanguine non conforme.

Invités à s'expliquer par l'auteur Alain Gravel, les parents Jeanson ont finalement refusé. «Nous cherchons plus à oublier qu'à se remémorer des mauvais souvenirs. Nous suivons présentement une thérapie chez le psy dans le but de passer à autre chose dans notre vie», lui ont-ils fait savoir par courriel. Selon Geneviève, la communication était inexistante dans la famille et ses parents se sentent responsables de ce qui lui est arrivé.

Geneviève Jeanson reconnaît que son père avait de grandes ambitions pour elle et qu'il lui mettait de la pression. Mais il ne l'a jamais incitée à se doper ni poussée à la performance à tout prix, précise-t-elle. Elle lui pardonne cependant difficilement de ne pas avoir cherché à la libérer de l'emprise d'Aubut même s'il savait qu'il la maltraitait.

À la lumière d'une communication récente avec l'auteur du livre, la relation de Jeanson avec ses parents s'est dégradée après une réconciliation.

Sept ans après le déclenchement d'une enquête contre lui par le comité de discipline du Collège des médecins, le Dr Duquette attend toujours sa sanction.