Maître du jeu, l'Italien Damiano Cunego a remporté pour la troisième fois le Tour de Lombardie, la dernière classique de la saison cycliste qui s'est conclue samedi à Côme sous un ciel uniformément grisâtre.

Déjà vainqueur en 2004, l'année de son succès dans le Giro, et en 2007, Cunego s'est imposé sans coup férir sur les bords du lac où, une vingtaine de secondes plus tard, le Slovène Janez Brajkovic devançait le Colombien Rigoberto Uran pour la deuxième place.Brajkovic, qui croyait avoir gagné, a levé les bras en franchissant la ligne. Mais Cunego avait déjà enlevé le morceau au terme des 242 kilomètres contrôlés par son équipe Lampre.

Le Véronais a conclu une saison alternant lumières et ombres pour lui. A 27 ans, il a ajouté deux classiques, l'Amstel Gold Race en avril et le Tour de Lombardie, à un palmarès qui prend de l'épaisseur et en fait l'un des héritiers de son compatriote Paolo Bettini -frais retraité mais présent sur la course- dans les épreuves d'un jour.

En contrepartie, Cunego a failli dans le Tour de France, l'un de ses grands objectifs de la saison qu'il abandonné avant terme, le menton ensanglanté après une chute sur la route de Saint-Etienne (18e étape). Présent aux JO de Pékin, il a dû se résigner ensuite à la médaille d'argent du Championnat du monde derrière son habituel coéquipier, Alessandro Ballan.

«Ce sera beaucoup plus difficile que les autres fois», avait prévenu avant le départ Cunego, conscient qu'il aurait le poids de la course sur les épaules. En ajoutant que la descente du Civiglio, à une quinzaine de kilomètres de l'arrivée, lui plaisait et serait plus importante que l'ultime plongée sur Côme.

Une moyenne record

Sur le terrain, Cunego a justifié son propos. C'est dans le Civiglio, à la suite de la jonction avec les rescapés d'une échappée de onze coureurs formée dès la première heure, que l'Italien a forcé la décision après le travail préparatoire de deux de ses hommes, Ballan et surtout le Polonais Sylwester Szmyd.

Près du sommet, il a réagi dans un premier temps à une accélération de l'Américain Chris Horner. Dans la descente, sur une route tortueuse et parsemée de plaques d'égout, il a pris les devants sur ses compagnons (Horner, Failli, Moreno) avant que le champion olympique, l'Espagnol Samuel Sanchez, ne revienne sur le groupe.

Sans se relâcher, Cunego a abordé la dernière montée vers San Fermo della Battaglia, surplombant Côme, avec une douzaine de secondes d'avance. Ni Uran, le premier à sortir du peloton de poursuite, ni Brajkovic n'ont pu lui reprendre du temps avant le sommet, situé à 5,7 kilomètres de l'arrivée.

Excellent descendeur, Cunego a maintenu son avance (24 sec) jusqu'à la ligne. Pour signer une moyenne record (43,077 km/h) sur le parcours emprunté depuis 2004 autour du lac de Côme.

Au-delà de ce chiffre, l'Italien a rejoint au palmarès du Giro di Lombardia, l'une des plus anciennes classiques du calendrier (102e édition), des légendes telles que ses compatriotes Costante Girardengo et Gino Bartali, plus récemment l'Irlandais Sean Kelly (entre 1983 et 1991).

Dans l'histoire, deux champions seulement, les «campionissimi» Alfredo Binda (4 victoires) et Fausto Coppi (5), ont fait mieux.