Tours marque dimanche la dernière course de l'équipe Crédit Agricole, la plus ancienne formation du peloton français.

Roger Legeay, son responsable, n'a pu trouver de nouveau parraineur pour investir une somme de l'ordre de 7 à 8 millions d'euros. Il a expliqué à l'AFP les raisons de cet échec pour une équipe qui compte 31 victoires cette saison, «la meilleure formation française et l'une des meilleures mondiales», souligne-t-il.

Q: Pourquoi n'avez-vous pas trouvé de repreneur?

R: «C'est toujours difficile de chercher un partenaire. Le business mondial était déjà un peu terne en début d'année, sans même parler de ce qui s'est passé depuis. Le deuxième point, c'est la situation de concurrence énorme pour la communication. Par rapport aux autres sports, à l'humanitaire, aux fondations, mais aussi aux événements qui sont, eux aussi, à la recherche de partenaires. Obligatoirement, c'est la grande bagarre entre tous les supports.»

Q: Cela revient à dire que le cyclisme souffre...

R: «A une époque, nous étions la seule équipe française, avec Festina en Andorre. Il faut s'en souvenir quand on compare avec cette année. En termes de sponsors, le cyclisme français vit une période faste avec des partenaires importants. Le coup violent, c'est qu'une équipe historique comme le Crédit Agricole n'a pas trouvé. Mais c'est oublier qu'on est à la recherche de partenaires depuis vingt ans, ne serait-ce que pour renouveler. Si LeMond n'était pas venu, «Z» arrêtait au bout de trois ans. D'un truc très aléatoire, on a fait tous ensemble une équipe qui s'inscrit dans la durée. Les équipes sont très fragiles. Elle sont basées sur des hommes. Quand ils ne trouvent pas, elles sont rayées de la carte. Le cyclisme est très fragile par sa structure d'équipes.»

Q: Le ProTour était censé y remédier...

R: «C'est pour cette raison que j'ai soutenu le principe du ProTour. Un sponsor doit savoir ce qu'il achète, ça me paraît une évidence. Cette année, au mois d'août, on ignorait le calendrier des courses, le nombre de coureurs, le budget à prévoir pour 2009.»

Q: Et le dopage? Vos partenaires éventuels ont-ils été découragés par ce problème?

R: «La décision finale n'a jamais été: on ne vient pas parce que vous êtes des voyous. Pour ce qui me concerne, ils me disent: on vous connaît, on sait ce que vous faites, il n'y a pas d'ambiguité.»

Q: Mais la médiatisation des affaires de dopage n'aide pas...

R: «Il y a un décalage énorme entre ce que fait le cyclisme, les tests sanguins, le passeport biologique, les tests rétroactifs, l'argent investi dans la lutte antidopage, et son image, très mauvaise. Certes, le cyclisme n'est pas exempt de reproches. Y a-t-il un sport qui peut l'être? Il y aura toujours des garçons prêts à tricher. Bien sûr, on peut aller plus loin, quatre ans de suspension pour ceux qui prennent des produits lourds. Mais j'ai l'impression que (pour la médiatisation) la machine s'est un peu emballée ces deux dernières années, dans les mots, avec de plus en plus d'agressivité. Le Tour de France a essayé d'aller encore plus loin. Mais ce que font les employeurs, c'est quand même beaucoup.»

Q: L'avenir est-il encourageant?

R: «Le fait que Mme Amaury (propriétaire du groupe de presse éponyme, ndlr) et l'UCI disent 'on va travailler ensemble', c'est encourageant. On a tous envie de crédibiliser notre sport. Ces dernières années, le cyclisme n'a pas été valorisé. On va retrouver les conditions pour qu'il le soit. On était arrivé à une situation où la fédération française était suspendue, où une épreuve comme le Tour de France était organisée en dehors du gouvernement de son sport, etc. Alors que tout le monde est d'accord sur les grands sujets!»