A 25 ans, Alberto Contador est devenu l'héritier de fait de Lance Armstrong, dont il a rejoint l'ancienne équipe l'année dernière pour gagner le Tour de France, avant de conquérir cette saison le Giro puis la Vuelta.

Avant de retrouver (et d'affronter ?) en 2009 l'Américain qui a annoncé son retour à la compétition, Contador s'est installé au sommet de la hiérarchie. En avance sur les temps de passage de son aîné dans le Tour de France, il a même gagné les deux autres grands tours qu'Armstrong a toujours négligés.

Du septuple vainqueur du Tour, le Madrilène a adopté le rythme de pédalage dans les cols, tout en souplesse, et la capacité à garder son sang-froid, même dans les moments chauds.

«En montée, je l'ai vu faire des choses que seul Armstrong savait faire», déclarait pendant le Giro son manageur, le Belge Johan Bruyneel. «Alberto a la mentalité d'un champion et une extraordinaire confiance en lui-même. Nous ne connaissons pas encore ses limites.»

Bon descendeur, excellent rouleur, même s'il n'atteint pas le niveau d'Armstrong en ce domaine, Contador possède la panoplie complète du vainqueur d'un grand tour. Avec, en prime, le perfectionnisme, le souci du détail qu'ignorent bon nombre de coureurs, notamment durant l'immédiate avant-course.

Miraculé de la vie

«En ce moment, il est le meilleur coureur du monde», estimait au printemps Johan Bruyneel, tout heureux d'avoir fait main basse sur ce talent qui a commencé sa carrière sous la houlette du sulfureux Manolo Saiz, l'un des personnages du dossier Puerto, dans lequel Contador a été cité avant d'être innocenté par les autorités espagnoles et par l'UCI (Union cycliste internationale).

Un été plus tard, l'avis de Bruyneel est confirmé. Si Contador est resté au pied du podium du contre-la-montre aux JO de Pékin (4), il a maîtrisé la Vuelta dès sa première participation. Tout comme au Giro au printemps dernier.

Né le 6 décembre 1982 à Madrid, la capitale que ses parents Francisco et Francisca, venant de Barcarotta (Extrémadure, sud-ouest), avaient rejointe quatre ans plus tôt, le nouveau leader du cyclisme mondial est issu d'une famille humble. Troisième d'une fratrie de quatre enfants, il a découvert le cyclisme grâce à son frère aîné, après s'être essayé au football et à l'athlétisme.

Marqué par la maladie (paralysie cérébrale) de Raul, son frère cadet, le vainqueur du Giro est lui-même un miraculé de la vie... comme Armstrong. En 2004, il est sorti indemne d'une opération au cerveau pour un oedème cérébral.